Je me souviens….
Je me souviens, c’était en décembre 2011. Ma fille avait 6 semaines. Elle était si petite…
Je me souviens, cela a commencé par une petite toux, puis un nez pris. Rien de bien inquiétant, je suis une maman aguerrie, j’en ai vu d’autres.
Et puis en ce dimanche matin de décembre, elle est chaude. Une fièvre que je traite et que je surveille toute la journée. A 6 semaines, je m’inquiète, je ne peux m’en empêcher. En fin de journée, je décide d’aller aux urgences.
Je me souviens de l’homme qui me dit « Tu vas y aller pour rien, tu seras revenue dans 2 heures ».. Si seulement cette fois-là il avait pu avoir raison.
Dans la voiture, elle m’a l’air mieux, moins fiévreuse, je me demande même s’il est bien utile d’y aller..
Je me souviens qu’une fois aux urgences, nous sommes passées tout de suite. 6 semaines de vie…
Tout s’est enchainé très vite. Elle avait 39 de fièvre. Elle était très encombrée. Un patch lui a été posé pour une prise de sang. Ainsi qu’un patch dans le bas du dos.. « Au cas où » me dit-on.. Au cas où quoi ?? A quoi pensez-vous ?? Ma fille tousse juste, ce n’est rien… On va vite repartir…
Et puis ils veulent recueillir de l’urine pour pouvoir faire un test et éliminer une infection urinaire… Rien à faire, elle ne se plie pas au protocole. Il faut donc lui faire un sondage.
Je me souviens que j’ai demandé à sortir de la pièce, c’était trop, je ne pouvais pas… Aujourd’hui encore je culpabilise de ne pas avoir pu rester, de l’avoir laissée..
Puis la décision d’hospitalisation tombe. « Vous pouvez rester » me dit-on. Vu que j’allaite ce serait préférable en effet…
Dans la nuit, la fièvre grimpe à 39,6, elle hurle, je n’arrive pas à la calmer, j’ai peur. Et pourtant j’étais encore loin de m’imaginer ce qu’il allait falloir vivre le lendemain.
Je me souviens du chef de service qui est venu me voir le lundi matin pour me dire que les résultats de la prise de sang n’étaient pas bons et qu’il allait falloir pratiquer une ponction lombaire pour éliminer une méningite.. Mais, elle tousse seulement… On va repartir bientôt ??!!!
Je me souviens avoir demandé au pédiatre si on en guérissait d’une méningite… Question stupide d’une maman au bord de la panique…
Je me souviens qu’après la ponction, elle pleurait dans son cocoonababy et que je n’avais pas le droit de la prendre. Il fallait qu’elle reste allongée quelques heures. Je me revois, dévastée, en larmes, incapable de faire quoi que ce soit, comme anesthésiée.
Puis les premiers résultats, négatifs… Pas de méningite, mais une bronchiolite surinfectée au pneumocoques.. 6 semaines de vie…
Je me souviens qu’ils m’ont appelée pour la pose du cathéter permettant l’administration des antibiotiques. Pour que je la mette au sein, que ça les aide à la piquer.
Je me souviens m’être assise sur la table d’examen et l’avoir mise au sein. Que ça n’a pas beaucoup aidé.. Qu’elle pleurait quand même.. Qu’ils ont dû essayer plusieurs fois…
Je me souviens qu’à la fin de ce lundi de décembre, je n’étais que l’ombre de moi-même. Incapable de parler, incapable de faire autre chose que pleurer, incapable de la rassurer…
La décision de sortie est finalement intervenue le mercredi. Comme si rien ne s’était passé. Comme si nous pouvions reprendre une vie normale… Elle allait bien, aucune inquiétude à avoir…
Je me souviens.. Je me souviens… Si bien.. Comme si c’était hier. Et c’est bien là le souci. Je ne me défais pas de cet évènement. 6 semaines de vie…
J’ai eu peur de perdre ma fille, c’est sans doute irrationnel, et je suis consciente que d’autres parents vivent des situations autrement plus graves. Mais rien n’y fait. En ce lundi de décembre 2011, j’ai cru que j’allais perdre ma fille. Ce souvenir tenace, me tient au corps. C’est sans doute pour cela que c’est le premier texte que j’ai eu envie d’écrire. En parler pour essayer de tourner la page, d’oublier … Un peu.
Tu es fière de toi… J’ai les poils… ! Bravo 🙂
Merci ! Ca vient des tripes…
A 6 semaines pff on est vraiment pas préparé à ça.. Quel baptême du feu, quel billet intense..
En effet… Merci beaucoup !
wouaa j’ en ai des frissons.
Merci sophie !!
Gorge serrée j’ai lu jusqu’à la fin je voulais savoir, j’avais peur de la suite…Vous êtes toutes les 2 très courageuses dans cette épreuve citée.
Bravo ce Post est poignant et magnifique.
Merci beaucoup !!!!!!!
Et voilà en jeune maman allaitante et encore envahie d’hormones, les larmes ont coulé… L’auteur de ce billet sait transmettre ses émotions! Bravo!
Merci camille !!! C’est gentil ! Il fallait que je l’ecrive…
je crois que j’aurai été effondré du début à la fin. À chaque situtation on se dit qu’il y a toujours pire, mais au moment present quand on vit les choses, c’est la pire des choses qui puisse nous arriver..Heureusement ta petite a vite guéri <3
Merci pour ce gentil commentaire. Oui heureusement auj c’est loin derriere.. Mais quelle trouille… Avant d’avoir des enfants on ne pense pas qu’on peut avoir peur a ce point !
Tu fais bien d en parler…
J’ai vécu à peu près la même situation bébé avait 15 jours. J’en ai parlé de longs mois plus tard sur mon blog, mais ça m’a fait un bien fou.
Tu as été très courageuse, bravo ♥
15 jours ??? J’imagine meme pas l’angoisse… Ca tenaille longtemps ces souvenirs n’est ce pas ??!! J’avais besoin que ce soit le 1er vrai billet…
Oui l’angoisser surtout au moment de le quitter pour le bloc opératoire…
Si tu veux lire : http://www.ju2framboise.com/2012/12/toujours-se-fier-a-son-instinct.html
Et je comprends que ça soit ton premier billet !
J’ai lu !!!! Comment tu as du flipper… J’imagine meme pas….
bouh!!!! que de mauvais souvenirs!!! ici aussi les larmes… pleines de compassion et de souvenirs aussi… <3
Dur a ecrire… Je t’avoue que j’ai pleure en l’ecrivant.. Ca reste a vif aussi longtems apres…
Dur a ecrire… Je t’avoue que j’ai pleure en l’ecrivant.. Ca reste a vif aussi longtems apres…
Je lis pour la première fois tes billets et celui-ci m’a particulièrement touchée. J’imagine très bien ce que tu as pu vivre et ressentir au plus profond de ta chair puisqu’Alyssa a elle-même été hospitalisée il y a 3 semaines. Les raisons n’étaient pas les mêmes mais je me revois très bien, dans l’attente d’un diagnostique, avec l’espoir de n’être venue que pour être rassurée, et de pouvoir repartir rapidement. Mais non, finalement, on n’est pas rentrées. Alyssa n’a pas eu de ponction lombaire, mais la simple verbalisation qu’elle aurait pu en avoir une à 2 semaines près m’avait toute retournée. Difficile de mettre en mots cet extrait de vie si douloureux dans l’instant et en mémoire, mais pourtant tu l’as très bien raconté… Aussi bien qu’une romancière.
Et ça date de 2 semaines et non 3, donc ton post colle vraiment à ce que j’ai ressenti et ressens encore en le lisant.
J’ai l’impression de lire mon vécu. Le vécu de Paul… Paul a 6 semaines demain. A 12 jours, une respiration rauque durant 5 heures dans la nuit me fait l’emmener aux urgences. Mêmes mots du papa » je pense que tu y vas pour rien, mais si ça te rassures… ». Il s’en est voulu, après, le pauvre papa. Je pensais à de l’asthme, j’y suis moi même sujette. Et donc, malgré l’épisio toujours très douloureuse, les 5 étages sans ascenseur et la non-certitude d’être apte à conduire, je pars.
Bien sûr, le temps d’arriver aux urgences, à 3h du matin, bébé respire tout à fait normalement. Je m’excuse à moitié à l’accueil et on me rassure en me disant qu’une maman inquiète a toujours raison de venir ». On commence à examiner mon tout petit Paul. Il a 12 jours. Un second médecin vient, sur demande du premier, ils font des grimaces. Et là, à 5h du matin, le verdict tombe : ‘il ne va pas bien, votre bébé. Il a une infection materno-foetale (liée à un accouchement difficile), on va le garder au moins 3 à 10 jours ». QUOI ? Je me suis effondrée, là, trop dur pour mes frêles épaules.
Puis 3 infirmières se penchent sur son tout petit corps pour une prise de sang. 3 personnes. Pendant 2 heures. Ben oui, les veines sont trop petites, et elles cassent au fur et à mesure me dit-on. Mon petit à des trous partout : mains, poignets, coudes, pieds et même une aiguille dans le crâne. Puis c’est perfusion, surveillance cardiaque, ponction lombaire, radio des poumons, échographie du cerveau à travers la fontanelle, injection d’antibiotiques en intra-musculaire, toutes les 8 heures, quand la perfusion a sauté… Tout ça avec un bébé tout faible, tout mou. Mon bébé. Mon tout petit bébé sur Terre depuis si peu de temps.
5 jours. Tout ça a duré 5 jours. Un tiers de sa vie, à ce moment-là. Et beaucoup de larmes pour son papa et moi. Lui, mon tout petit Paul, a été trèèèèèès courageux. Tout le personnel l’a dit. Il parait qu’il n’en aura aucun souvenir. Nous oui. Et en plus, tout un tas de maladie ont été éliminées (méningite, bronchiolite…), mais on n’a pas su ce qu’il avait eu. Juste la certitude que quelque chose l’a atteint. On ne saura sans doute jamais quoi.
Maintenant il va bien, mais je ne peux m’empêcher d’aller vérifier qu’il respire bien, de temps en temps. Je l’aime. J’ai eu si peur.
Désolée si mon commentaire est si long, ce n’était pas prémédité. Mais comme tu le dis, ça fait du bien de le dire. De l’écrire. Merci
Merci pour ce si touchant temoignage. Tu as bien raison d’exterioriser. Ca fait du bien. On n’est pas prepares a ce que nos enfants vivent ce genre d’epreuve. Je comprends tellement ce que tu ressens ! J’ai eu tellement de mal a m’en remettre…
Plein de bisous a ton petit paul et a toi !!
D’une maman a une autre maman !