Fin du congé de maternité – Quand la reprise du travail n’est pas si simple
J’ai coutume de me définir comme une working girl. J’ai une activité professionnelle prenante et mon boulot me plaît. J’ai toujours su que le fait de devenir maman ne changerait rien à mon désir de travailler. Je ne suis pas faite pour le congé parental, ni même pour le temps partiel. J’aime mes enfants, hein, que personne n’en doute. Mais m’occuper d’eux toute la journée, sans aucune autre perspective, ça non. Ce serait mauvais pour moi, pour mes nerfs. Et par conséquent, ce serait mauvais pour eux. 5 mois après la naissance de son altesse grand garçon, j’ai donc repris le boulot. Sans difficulté particulière. Comme une lettre à la poste. À tel point que j’ai dû passer pour une mère sans cœur, tellement cela a été facile.
Du coup, je ne me faisais aucun souci particulier pour la reprise suite à la naissance de sa majesté de la poupette. J’avais déjà vécu une reprise. Tout se passerait bien. Que nenni !
Comme la première fois, j’avais hâte de reprendre. Comme la première fois, je n’avais aucune envie de poursuivre ce moment parental sur plus long que 5 mois. Le dimanche, veille de reprise, je me suis levée avec la nausée. Je me suis dit que choper une gastro, la veille de la reprise, c’était tout de même pas de chance… Ce jour-là, on fêtait les 4 ans de son altesse grand garçon. Ce jour-là, j’ai allaité sa majesté de la poupette pour la dernière fois. Après coup, je vois bien que tout cela était trop. Mais sur l’instant, je ne suis pas posée de question.
Le lundi matin, les nausées étaient bien plus fortes. Accompagnées de ce mal de mer persistant. Comme si je venais tout juste de descendre d’un manège à sensations. J’ai commencé à faire le tour de mes dossiers. C’était difficile. J’avais beaucoup de mal à me concentrer. J’avais envie de vomir en permanence. Pendant plusieurs jours, les nausées m’ont réveillée à 6h50. Sans que je ne m’explique pourquoi.
Et j’ai perdu pied. J’ai eu peur d’avoir quelque chose de grave. Oui parce que je n’étais PAS stressée par cette reprise. J’étais contente de reprendre. J’en étais sûre. J’ai pris tout un tas de rendez-vous médicaux. J’ai fait des tas d’examens. Tout était normal. Il n’y avait pas de maladie grave.
Mais rien ne s’arrêtait. Et cette lactation qui ne s’arrêtait pas. Ces seins gorgés de lait alors que je n’allaitais plus. Puis un jour, alors que je revenais la voir pour la énième fois, mon médecin m’a demandé comment se passait cet arrêt de l’allaitement. J’ai fondu en larmes. Je ne m’y attendais pas. En fait, ça m’était difficile. J’ai sevré sa majesté de la poupette alors que son altesse grand garçon a décidé qu’il ne voulait plus du sein. Et cela fait toute la différence. La première fois, j’ai fait avec le choix de mon fils. La deuxième fois, j’ai imposé mon choix à ma fille. Et la présence de ce lait me rappelait en permanence que j’avais encore du lait, que j’aurais pu continuer. J’ai eu le sentiment de faire une différence entre eux. Comme si j’étais une moins bonne mère parce que pour ma fille, j’avais décidé.
Pendant cette semaine de reprise, l’Homme a du s’absenter quelques jours. Déplacement professionnel prévu depuis longtemps. Pendant son absence, les nausées ont redoublé. La nuit surtout. Lorsque les enfants étaient là. Je me disais « qu’est-ce que je vais faire si je ne peux pas m’occuper d’eux ? Je suis toute seule. Il faut que je prenne sur moi. Ils ont besoin de moi ». Aux nausées, ont succédées les crises d’angoisse. J’avais la trouille que cela ne s’arrête jamais. Que je ne m’en sorte pas. Puisqu’il n’y avait rien de médical, il n’y avait donc pas de traitement. J’allais donc continuer à avoir mal au cœur en permanence. Je ne pouvais rien avaler. J’avais des vertiges.
J’ai vécu tout cela pendant 2 mois. Sans accalmie. Et puis j’ai fini par mettre des mots sur tout ça. J’ai fini par comprendre que non, ce n’était pas forcément si simple de reprendre le boulot après tous ces mois d’absence. J’avais peur d’avoir perdu en compétences. J’avais peur de ne plus être capable de faire mon boulot. J’avais peur de ne pas pouvoir tout gérer. Les enfants. Le travail. Le couple. Je ne m’étais pas préparée et j’ai eu tort.
Quand on est maman, on se colle une pression hallucinante sur le dos. Je ne dis pas que les papas n’ont pas à cœur de bien faire, loin de là. Mais c’est un fait, lorsque les choses tournent mal avec les enfants, on a facilement tendance à blâmer la mère. Aux yeux des gens, c’est elle qui est à l’origine de tout ce qui va mal. Sans m’en rendre compte, je me suis infligée toute cette pression. Et c’est mon corps qui a exprimé ce stress et ces doutes que je ne voulais pas voir.
Parfois la reprise après le congé de maternité est simple, facile. Je l’ai vécu, je peux en témoigner. Et parfois, tout ne se déroule pas comme prévu. Parfois c’est dur. On nous prépare à la naissance de l’enfant, mais on ne nous prépare pas à cette parentalité, à ses responsabilités qu’il faut assumer. Et si l’on n’y arrivait pas ? Et si l’on était une mauvaise mère ?
Aujourd’hui, tout cela est derrière moi. Mais je n’oublie rien.
Je comprends tout à fait ce que tu as pu ressentir… Cette sensation que tout repose sur nos épaules, qu’il faut être à la hauteur et tout gérer… Ce n’est pas tous les jours faciles….