La Nausée et Moi
Hier, à minuit, sa majesté de la poupette s’est réveillée en hurlant. Elle ne s’est pas calmée dans mes bras. Elle s’est recroquevillée. Elle s’est crispée. Elle s’est plainte du ventre. Beaucoup.
Quasi instantanément, elle était là. La Nausée. Cette Nausée que je connais bien maintenant, synonyme d’angoisse, de stress, de peur. Je ne la contrôle pas, je ne la régule pas.
Je décide d’emmener ma fille aux urgences. Je fais tout le trajet avec la Nausée. Elle ne me quitte pas. J’ai beau me dire que ce n’est sans doute pas grave, qu’il n’y a pas lieu de paniquer, elle ne s’en va pas. Elle s’est installée pour plusieurs heures. Elle me rappelle que je ne suis toujours pas capable de faire sans elle, que je ne suis pas assez forte. Malgré mes efforts. La Nausée a pris sa place. Malgré mes efforts, j’envisage le drame, je pense au pire.
Pendant que l’on attend le médecin, pendant qu’elle examine sa majesté de la poupette, pendant que l’on nous conduit vers la salle d’échographie, elle m’accompagne, elle me colle à la peau, elle me colle à l’âme.
Sur le chemin du retour, alors même que je suis rassurée, alors même qu’il n’y a rien de grave, la Nausée ne daigne pas me laisser. Elle m’a remplie de toute sa toxique présence. Au final elle ne m’a quittée que ce soir, au prix de plusieurs heures de lutte contre l’angoisse vissée au coeur.
Certaines disent que la maternité les a rendues plus forte. Moi, la maternité m’a rendue vulnérable. Moi, la maternité m’a rendue fragile. Je suis maman et j’ai peur. De tout, tout le temps. J’ai peur de les voir souffrir, j’ai peur de les voir malade, j’ai peur de les perdre.
La Nausée me le rappelle à chaque fois, cruellement.
Est-ce qu’un jour je pourrais affronter un mal de ventre sans elle ? Est-ce qu’un jour La nausée ne sera plus qu’un lointain souvenir ? Est-ce qu’un jour je penserais à elle comme une vieille connaissance dont on est content qu’elle ait débarrassée le plancher ?
Oui, ce soir, la Nausée s’est assoupie, mais je la sais présente. Insidieuse. Vicieuse. Prête à ressurgir à la moindre alerte. Elle et moi on est liées. Elle chemine avec moi. Je souhaite qu’elle s’en aille. Elle me pourrit la vie. Je souhaite qu’elle se barre.
Est-ce qu’un jour j’y arriverai ? Est-ce qu’un jour moi aussi je pourrais dire que la maternité m’a rendue plus forte ?
Je suis comme toi… En grandissant c’est peut être moins spectaculaire, mais c’est toujours là. C’est abominable. Je tente de prendre sur moi mais c’est difficile.
Maintenant tu vas dormir.
Tout ira mieux demain. Le vilain virus presque envolé et ta nausée aussi…
Avoir peur pour tes enfants ne fait pas de toi une maman faible! Elle fait de doit une maman qui aimante! Soit plutôt fière de cette nausée car beaucoup d’enfants n’ont pas la chance d’avoir une maman qui les aime comme tu aimes tes enfants! Alors apprends à faire avec et à la gérer et ne t’en débarrasse pas car c’est de ne pas avoir peur pour ses enfants qui est inquiétant et pas l’inverse! 😉 PS : je n’ai pas pleuré 😉
Accepter la fragilité de son coeur est une forme de force aussi ; celle de s’accepter soit même en ce que nous sommes sans faire semblant, sans se construire un avatar soi-disant « blindé ».
L’amour, la maternité, la paternité sont des occasions de nous donner la force de nous regarder plus authentiquement nous même avec un coeur capable de trembler pour ceux que l’on aime.
Merci pour ce beau témoignage qui montre la vraie force de la fragilité.
Merci beaucoup pour ces mots si gentils !