Il est des soirées…
Il est des soirées qui ne se déroulent pas comme prévu,
Il est des soirées qui créent des liens particuliers,
Il est des soirées que l’on n’oublie jamais…
C’était un soir d’août. Une invitation à diner. Deux couples d’amis. Un repas à partager, des discussions, des confidences. Soirée agréable en perspective. Presque banale.
Nous sommes réunis autour d’un verre et de quelques chips. Ils nous racontent leurs vacances. On leur raconte les nôtres. Il fait bon dehors. On profite encore de ces longues journées d’été qui semblent ne jamais vouloir finir.
Et puis, le bruit d’une voiture qui s’arrête. Un regard jeté par la fenêtre. Un visage qui pâlit. Une colère qui monte.
– Qu’est-ce qu’elle vient foutre ici ? Elle va pas nous pourrir la soirée !
Il descend en premier, pour régler ça. Elle le suit quelques minutes après.
Ils ont rejoint la fille en question. Je ne la connais pas. Je ne l’ai jamais vue.
Nous nous retrouvons seuls dans le salon. A attendre. A ne pas comprendre ce qu’il se passe. A se demander. Un malaise commence à s’installer. Comme si nous savions ce qui allait se passer.
Parce que la curiosité est à un moment plus forte que les bonnes manières, je vais moi aussi jeter un œil par la fenêtre. Se joue alors devant mes yeux une scène qui semble écrite pour le cinéma. Deux femmes. Un homme. L’une est la compagne. L’autre la maitresse. Le troisième est le salopard.
L’autre, la maitresse, sans doute à bout des promesses sans lendemain, sans doute mue par une désir de vengeance, par une envie de faire du mal, peu importe en fait, a décidé de venir tout raconter. Messages reçus à l’appui. Autant de preuves de l’infidélité que la compagne suspecte depuis des mois, sans vouloir y croire. Parce que le troisième, le salopard, lui dit qu’elle se fait des idées. Qu’elle devient folle. Qu’il en a marre de ce manque de confiance.
Les cris montent, les insultes fusent, les deux femmes en viennent aux mains. L’autre, la maitresse, perd des cheveux dans la bataille, de pleines poignées. Le salopard essaie de les séparer, il se prend des coups. Pas assez à mon goût. La compagne gardera en souvenirs de cette soirée des bleus aux mains et au cœur.
Et nous, nous sommes là. Nous assistons à ce drame conjugal, tellement banal, tellement fréquent, et pourtant tellement dévastateur. Impudeur suprême. Violation d’une intimité que sans aucun doute ils ne souhaitaient pas partager avec nous. Avec quiconque d’ailleurs.
Nous voulons partir. Mais ça parait compliqué. Presque déplacé. Avec quels mots ? C’était sympa, on a bien mangé (enfin non, on en était encore au chips…), on remet ça ?
Le couple remonte. Elle veut que nous restions. Et aussi bizarre que cela puisse paraitre c’est ce que nous faisons. Comme si elle voulait ne pas complètement gâcher cette soirée, qui pourtant l’est déjà, entièrement.
Je l’ai regardé, lui, le salopard, le menteur, l’infidèle. J’avais envie de lui foutre sur la gueule, j’avais envie de lui péter les jambes, j’avais envie de lui arracher la tête. Depuis des mois j’avais pris sa défense. Depuis des mois moi aussi je lui disais qu’elle se faisait sans doute des idées, qu’il ne pouvait pas lui mentir à ce point. Oui, depuis des mois, sans le savoir, j’avais soutenu cette ordure. Il la trompait, sans vergogne, sans honte, depuis un an. 12 mois de trahison. 12 mois de soupçons, sans cesse démentis. Et au final, une vérité encore pire que celle fantasmée.
Le repas s’est terminé, il nous est restés à tous les quatre sur l’estomac, jamais repas n’aura été si difficile à digérer.
Elle nous a raccompagnés. Elle s’est excusée, comme si c’était de sa faute. Elle a pleuré. Je ne me souviens plus bien de ce que je lui ai dit, sans doute qu’elle méritait tellement mieux qu’un mec comme ça. Et que j’étais désolée, tellement. Que je m’en voulais. Que c’est elle qui avait raison.
Elle, se souvient que je lui ai dit qu’il valait mieux être son amie, rapport aux touffes de cheveux arrachées…
C’était une soirée d’août. Qui finalement fut tout sauf banale.
Nous avons fait partie ce soir-là d’un drame conjugal en 1 acte, sans applaudissements ni rappel. Et ça nous lie à jamais. Elle et moi. Parce qu’elle n’en a jamais parlé à personne. Parce que ce soir-là, bien involontairement, j’ai vécu avec elle l’un des pires moments de sa vie. Je ne l’oublierais jamais. Elle non plus.
Il est des soirées qui renforcent des amitiés.
Il est des soirées…
ça fait limite surréaliste comme situation tant ça l’est…
tant c’est réaliste je voulais dire…
Et pourtant… C’est l’exacte realite de cette soiree la…
>
C’est plutôt au Monsieur que j’aurais bien arraché 3 cheveux… J’essaye d’imaginer la fin de soirée, il est resté à table aussi avec vous ? Personne ne lui a rien renversé dessus ?
Oui il est resté avec nous a table.. C’était surréaliste comme situation…. Par égards pour elle, et rien que pour ca, je ne lui ai pas mas main dans la figure. Elle était déja suffisamment mal.
Oui en effet, c’est un beau geste d’amitié parfois de se contenir. Il m’est arrivé récemment de devoir recevoir chez moi l’ex de ma meilleure amie que je n’avais pas vu depuis le jour où il l’avait abandonnée en 10 minutes avec son bébé de 15 jours en lui lâchant tout à trac en plein baby blues qu’il partait pour une histoire qui durait depuis un an… Sa désormais petite fille est copine de notre garçon. La fête d’anniversaire de notre fils est tombé un we où c’est lui qui avait la garde. Hum hum. Donc il a fallu faire bonne figure et lui offrir un coup à boire. Même 5 ans après difficile de pas lui faire avaler le Champomy par les narines.
….. je suis autant effrayée qu’amusee par cette situation! La pauvre :-/ J’espère quelle n’a pas vécu ça comme une humiliation publique!
Ça me rappelle un rdv pro chez des clients ou tout a coup la sonnet retentit, et la porte s’ouvre sur 2 gendarmes venus ramener le fils de mes clients surpris en train de dealer du shit. Ambiance….!
C’est pas mal non plus ton experience !
pfiouu, quelle horreur !
Comme tu dis !
Whoo… C’est bouleversant !
C’est gentil merci !