Nager sans se retourner…
C’est l’histoire d’une fille, une petite blondinette, qui passe l’après-midi dans une base de loisirs, au bord d’un lac. Avec sa mère et une copine. Elle a 12 ans, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Des rondeurs plus totalement enfantines mais pas encore complètement adolescentes.
Il fait beau. C’est un bel après-midi d’été. Il y du monde, beaucoup de monde. Des éclats de rire, des enfants qui s’éclaboussent, qui courent au bord de l’eau. Des gens qui nagent, des gens qui lézardent au soleil. Une après-midi parfaite en somme.
La blondinette et sa copine en ont un peu marre de tout ce monde, elles décident d’aller nager un peu plus loin sous un petit ponton qui surplombe le lac. C’est chouette là-bas, on peut se mettre sur le dos et avancer en s’aidant des poutres qui sont sous le ponton. Elles font des concours de vitesse, elles rient.
Et puis d’un coup, il est là. Il les a rejointes sous le ponton. Il les regarde. Elles ne le connaissent pas. La blondinette ne nage plus sur le dos, elle nage la brasse. Elle sent qu’il est la derrière elle, il l’attrape par la taille, lui dit qu’il va l’aider à nager plus vite. Il lui dit qu’elles sont mignonnes elle et sa copine. Il lui demande quel âge elle a. Il fait la conversation, comme si tout était normal, comme pour lui faire oublier qu’il a les mains posées sur sa taille. Qu’il la tient. Et que ça n’est pas normal.
Ils s’éloignent peu à peu. La blondinette ne dit rien, elle ne sait pas ce qu’elle pourrait dire en vrai. Ce qu’elle devrait faire. Elle a 12 ans, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins.
Il finit par s’arrêter et par l’asseoir sur l’une de ses jambes. La blondinette a la chair de poule. Il pense qu’elle a froid. Il pose sa main sur sa cuisse, pour la réchauffer. Cette main elle sait qu’elle ne l’oubliera jamais. Bien trop grosse pour la cuisse d’une enfant. Bien trop adulte pour ses rondeurs plus totalement enfantines mais pas complètement adolescentes.
Il n’y a personne autour d’eux sous ce ponton. Il n’y a que la blondinette assise sur la jambe de quelqu’un qui n’aurait jamais dû la mettre la. Elle ne dit toujours rien.
Et puis cette main devient insupportable. Brulante. Elle réalise qu’elle ne doit pas rester là. Qu’elle doit s’en aller, qu’elle doit fuir aussi vite que possible.
Elle se débat, dégage cette main d’adulte inconnu, se retrouve dans l’eau et nage. Aussi vite qu’elle le peut, sans se retourner, sans respirer. Elle s’éloigne du ponton où il n’y a personne pour revenir vers le bord du lac où il y a du monde. Elle retrouve sa serviette, elle s’assoit.
Les enfants rient toujours, continuent à s’éclabousser, à courir au bord de l’eau. Comme si de rien n’était. Comme si tout était normal. Un bel après-midi d’été au bord d’un lac.
La blondinette, elle, finira l’après-midi sur sa serviette, les jambes relevées, la tête sur les genoux. Elle ne retournera pas nager. Elle ne tournera pas la tête vers le ponton. Elle essaiera de chasser de son esprit cette main qui tout à l’heure était sur sa cuisse.
C’est l’histoire d’une fille, une blondinette, qui cet après-midi-là a eu la peur de sa vie. Ce jour-là, les rondeurs enfantines se sont éloignées.
Oui, ce jour-là, la petite blondinette que j’étais a eu la peur de sa vie.
Rhoo je suis désolée pour toi. Je deviendrais folle si une chose pareille arrivée à mes enfants et me demande quelles armes je pourrais leurs donner pour se prémunir … <3 *calins*
arrivait * (la colère me fait faire des fautes)
Moi aussi j’y pense parfois pour ma fille…
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Malheureusement, ce genre d’événement arrive de plus en plus….
Dans quel monde vit on….
Oui… je me le demande bien ! En tout cas j’adore vos écrits, vous écrivez super bien !
Merci beaucoup ! C’est tres gentil !
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de rien 🙂 c’est sincère
Tu m’etonnes… Moi aussi j’ai peur…
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Ce qui est fou c’est que ca se passe devant des centaines d’autres yeux !
Personne ne voit rien
Oui. Heureusement ca aurait pu etre bien pire… Mais j’en fremis encore..
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Ca fait froid dans le dos… Je ne peux dire qu’une chose : je t’admire ma très chère amie…