1 vendredi / 1 nouvelle – Un merci de trop #13
Tic Tac Tic Tac… On s’approche de la fin… Je vous y prépare.. Et je m’y prépare aussi en fait. On s’y attache à cette petite Juliette c’est fou… Mais rassurez-vous quand Juliette sera finie, il y aura toujours des nouvelles. Et il est fort probable que j’invente d’autres personnages permettant de recréer une histoire à épisodes. Pas question que je vous abandonne !
Un merci de trop #13
Assise par terre, je pleure sans pouvoir m’arrêter… J’ai dû utiliser 193746 paquets de mouchoirs. J’ai les yeux bouffis et un mal de tête infernal… Et je suis malheureuse. Tellement. Mes sentiments pour Luc étaient bien plus forts que ce que je ne pensais. Je ne peux pas tout mettre sur le compte des hormones. Ces larmes je les verse pour lui, pour ces instants que nous avons vécus, pour cette nuit qui ne se renouvèlera pas, et je dois bien l’admettre pour le père que je pensais qu’il pourrait devenir pour mon bébé. Même pas encore né et abandonné deux fois, mon cœur se serre…
Le pire dans tout ça c’est que je suis incapable d’en vouloir à Luc. Ce serait plus simple si je pouvais le détester, le haïr même. Oh oui, tellement plus simple. Mais je ne peux pas.
Je ne peux pas parce que je comprends le choix qu’il a fait. J’ai bien vu qu’il était sincère avec moi, j’ai vu dans ses yeux que me faire du mal lui était difficile.
Mais au fond, je comprends qu’il redonne une chance à cette fille, je comprends qu’il donne une chance à cet enfant qu’elle attend de naitre dans une famille. Moi aussi c’est ce que j’aurais voulu pour mon enfant.
C’est tout moi ça. Alors que je suis en miette, je souhaite du bonheur à ceux qui me font du mal. Juliette, la fille gentille. Juliette, la fille sage et sans histoires. Juliette, la fille qui va donc donner naissance à un enfant toute seule, sans même une épaule pour s’appuyer.
Il va bien falloir se relever pourtant. Je ne vais pas rester là à m’apitoyer sur mon sort, assise par terre devant ma porte. Dans un peu de moins de 5 mois je vais devenir mère, je n’ai plus que ça. Alors je vais m’y accrocher. Ce bébé que j’ai choisi de garder, parce que je l’aimais avant de le savoir, mérite que je me relève.
J’essuie une dernière fois mes larmes, je prends ma respiration et je me mets debout. Oui, il mérite le meilleur. Certes ce sera sans Marc, ce sera sans Luc, mais qu’importe. Lui et moi on va y arriver. Je prouverai à tout le monde que la petite Juliette a du caractère, qu’elle a de la ressource, qu’elle vaut mieux que ce que l’on peut penser d’elle.
– Tu sais quoi Nina, j’ai envie de l’appeler Chloé ou Lucie ce bébé.
– Et pourquoi pas Gabriel ?
– Parce que Gabriel pour une fille c’est pas terrible non ?
– Une fille ??? T’es sérieuse ? Mais c’est sur ?
– Si j’en crois la sage-femme oui c’est sérieux. C’est bien une petite fille que j’attends. Ma fille.
L’émotion me submerge… Ma fille….
– Mais c’est super !! Je suis tellement contente ! Bon bien sûr j’aurais été contente de la même manière si tu attendais un garçon aussi hein, mais une fille c’est génial tu vas voir.
– Je ne sais pas pourquoi, mais une petite fille me fait moins peur. J’ai l’impression que je sais un peu mieux à quoi m’attendre. Et puis tu pourras m’aider.
– Tu sais que tu peux compter sur moi. Sinon, je sais que tu ne tiens pas trop à aborder le sujet, mais est-ce que tu as des nouvelles de Luc ? Tu l’as croisé ces derniers temps ?
– Je l’ai entraperçu une ou deux fois. Mais sans plus. J’imagine qu’il doit vivre chez elle… Avec leur bébé…
– Tu crois qu’elle a accouché l’autre ?
– Elle n’y est pour rien tu sais. Elle non plus je n’arrive pas à la détester.. Alexandra.. Bon ce qui est sûr c’est que je n’appellerai pas ma fille comme ça… Sans rire, vu la taille de son ventre la dernière fois, je pense oui qu’elle a dû accoucher… J’essaie de ne pas y penser. J’avance sans Luc et puis c’est tout.. Tiens j’ai annoncé à mes parents que nous n’étions plus ensemble. J’ai vu le soulagement dans les yeux de ma mère. Toujours cette histoire d’acteur de film de charme. Comme si cela avait plus d’importance que le fait de voir sa fille se retrouver seule.
– Ta mère a toujours été très à cheval sur les convenances, cela ne devrait pas te surprendre.
– Oh non cela ne me surprend pas. En revanche cela me fait de la peine. Mon père semblait déçu lui. Pour je ne sais quelles raisons, il aimait bien Luc..
– Pour les mêmes raisons qui font que toi tu l’aimais aussi j’imagine.
– Oui, peut-être…
Depuis 1 heure je fixe l’enveloppe. Elle a l’air anodine, et pourtant.. Le logo dans le coin sur la gauche fait qu’elle ne l’est pas. Il y a dedans une part de mon avenir. Une part de mon rêve. Quand je l’aurais ouverte et que j’aurais lu ce qu’elle contient, le rêve deviendra réalité ou sera brisé.
Il y a quelques semaines je m’étais fixée un délai. Si au bout de 3 mois je n’avais pas réussi à avancer mon roman, je devais laisser tomber. Finalement il faut croire que la solitude avait du bon. J’avais eu du temps ces dernières semaines. Du temps, beaucoup de temps. Et pour m’éviter de penser, à Luc, au bébé qui arriverait bientôt, à mon absence de boulot, j’avais écrit. Comme une effrénée, comme quelqu’un qui cherche un endroit pour respirer, vite, très vite. Les personnages s’étaient imposés à moi, il me suffisait de leur donner vie, de leur laisser la parole…
« Très tôt j’ai dû apprendre à m’occuper de moi. A 25 ans, ma mère avait d’autres projets que de s’occuper d’une enfant à temps plein. Elle était rarement présente. Elle aimait sortir avec des collègues de travail, boire un verre ou manger un bout. Elle aimait danser, elle aimait aller au cinéma. Elle était jolie, elle. Même ça elle ne me l’a pas transmis. J’ai moi le physique de mon père, en tout cas si j’en juge par les quelques photos qu’il me reste. Un nez trop petit, des lèvres fines, des yeux trop grands. Des cheveux désespérément fins. J’ai eu quelques baby-sitters, des jeunes filles du quartier, puis très rapidement lorsque ma mère a estimé que j’étais assez grande, je me suis retrouvée seule. Des soirées entières. Tu profites de l’appartement pour toi toute seule comme ça me répétait ma mère, c’est chouette de pouvoir faire ce que tu veux. Mais moi à 10 ans j’aurais préféré devoir me coucher à 20heures, que l’on me force à manger mes épinards et avoir une mère présente.
J’ai finalement toujours quêté l’approbation dans ses yeux, je rêvais d’y lire de l’amour. J’ai souffert de son absence. Tellement.
J’aurais tellement voulu avoir une mère, une vraie. Je me souviens au collège, je passais parfois la nuit chez ma meilleure amie de l’époque. Claire elle s’appelait. Et chez claire il y avait un père et une mère. Il y avait des « je t’aime », des « Je suis si fière de toi », des jeux en famille, des rires. Il y avait aussi bien sur les punitions et les incompréhensions de l’adolescence. Mais quand claire se plaignait et m’enviait parce que ma mère n’était jamais sur mon dos, moi j’aurais donné n’importe quoi pour être sa place, pour courber le mien sous le poids de sa présence. Pour avoir des parents inquiets et attentifs à mon éducation. Pour me sentir aimée, même au travers des privations de sortie. »
Lorsque j’étais arrivée au bout du roman, je n’en revenais pas. J’avais donc réussi à écrire quelque chose. Moi. Sensation incroyable. Euphorique. Pour être sûre de ne pas reculer, de ne pas me trouver 1000 raisons de ne pas le faire, je suis immédiatement allée poster le manuscrit. Je n’ai même pas pris le temps de relire les derniers chapitres. De peur de les trouver mauvais. De peur de ne pas avoir le courage.
Et aujourd’hui, l’enveloppe est là. Elle contient une réponse. Fébrilement je la décachète. Il y a un document dont je ne vois pas le titre camouflé par un mot manuscrit écrit à la main.
« Juliette,
Ce sera sans doute pour toi une nouvelle raison de m’en vouloir, mais après tout je ne suis plus à ça près. Il se trouve que tu as posté ton roman dans la maison d’édition pour laquelle je travaille. Ta mère serait sans doute contente d’apprendre que mon métier est tout ce qu’il y a de plus ennuyeux. Je tente de faire de l’humour mais j’ai conscience que cela ne doit pas te faire rire… Je savais que tu écrivais un roman, alors je ne t’ai pas dit que je travaillais dans le monde de l’édition. Je ne voulais pas que cela fausse nos relations. A ce moment-là je pensais que les choses se dérouleraient différemment entre nous…
Enfin bref, ton manuscrit a été lu par l’un de mes collègues mais j’ai tenu à t’écrire ce petit mot pour accompagner le contrat qui se trouve dans l’enveloppe. Ton texte est prometteur Juliette. Pour un premier roman, les mots sont justes, l’histoire est prenante, les personnages attachants. Ce texte il mérite d’être publié, et j’en suis très heureux pour toi.
Egoïstement, j’espère que cela rachètera à tes yeux un petit peu le salopard que j’ai été. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Je m’en serais voulu toute ma vie de ne pas avoir laissé de chance à Alexandra, à mon fils.
Gaêl a presque 3 mois déjà. Il fait de moi un papa comblé. Hélas un enfant ne répare pas un couple brisé. Mais je me devais pour lui de tenter le coup. Finalement Alexandra et moi nous nous sommes séparés. Définitivement cette fois. Elle restera à tout jamais la mère de mon enfant, mais ce qui a existé entre nous n’est plus. Nous avons essayé, ça n’a pas marché.
J’espère que tu trouveras le bonheur que tu mérites. Je te le souhaite de tout cœur, sincèrement.
Je t’embrasse.
Luc. »
Derrière ces quelques lignes il y a bien un document officiel. Un titre « Contrat d’édition ». Début d’un rêve.
Une première contraction. Violente. Inattendue. Puis du liquide qui coule entre mes jambes. Une seconde contraction. Celle-ci m’arrache un cri. Ca y est. Nous y sommes. Ma fille.
Oh ça va vite c’est terrible, et génial à la fois! Je me sens particulièrement émue par cet épisode là… Elle est sacrément forte Juliette, après tout ça, pour pardonner. C’est une fille extra, et si attachante… J’espère qu’on la reverra 😉
C’est vrai qu’elle est attachante cette juliette. Et je suis si fiere d’avoir reussi rien qu’avec des mots a creer un attachement entre des lecteurs et un personnage. C’est magique
Arfff! ça sent la fin…. Elle va me manquer Juliette! A vendredi prochain….
Oui ca sent la fin…. Mais encore 2 !
Comme chaque semaine, je suis charmée… Et heureuse de cette note positive qui revient peu à peu, de ce nouveau bonheur qui attend Juliette ! Des bisous et merci pour LA pause du vendredi !
Mais de rien !!! Et oui il fallait bien que la roue tourne pour juliette !!!
Ce suspens va devenir insoutenable… c’est pour quand le terme, DPA ?
Ah mais on y est ! L’episode prochain elle accouche !
Wahou ! Les semaines sont loooonnnngues à attendre la suite. Juliette on y est drôlement attachés maintenant, un peu comme quelqu’un de la famille, ou une amie. Tiens, je me vois comme Nina, à l’écoute et inquiète pour Juliette, à vouloir lui donner des conseils et à écouter ses déboires et ses bonheurs.
Tu as un joli talent dans l’écriture, Carène, et je te souhaite la réussite de ton personnage 😉
Merci pour ce gentil commentaire ! Tout ca c’est grace a vous aussi !!
Qu’est ce que c’était long d’attendre!!!! Mais ça valait la peine. Décidément ce Luc on n’arrive pas à le détester 😉 C’est dur de se dire que c’est bientôt la fin de cette histoire, on aimerait que ça continue encore… Je reprendrais ici la phrase d’un grand auteur dont j’ai brillamment (après tout si je ne m’envoie pas des fleurs qui le fera? 🙂 ) parlé dans un de mes derniers billets : « un bon livre est un livre qu’on regrette d’avoir terminé », et bien je vais beaucoup regretter d’avoir terminé de lire Juliette…
Tu sais que moi aussi je vais la regretter… Enfin je ne vais pas l’abandonner completement car une fois termine, je vais m’ateler a etoffer pour en faire un roman, un vrai
Juliette, Luc…, je les aime trop ces 2 la maintenant!!! Tu sais vraiment manier la plume, Carène, tu as un véritable talent… Merci et vivement vendredi… Ou avant si vraiment tu n’y tiens plus
Ah ah ah ! Je note ! 😉
Hiii! Super elle va se faire éditer!!!!Et sa serai bien de la revoir avec Luc. Bonne continuation Carène ! C’est vraiment un sacré talent que tu as!.
Il va faire sensation Luc dans les dîners en ville quand il racontera que son fils et sa fille ont 3 mois d’écart !
Mais qui te dit qu’il va finir avec juliette ????? 😉
Mon cœur ❤️