Marcher la tête haute
C’est l’histoire d’une gamine de 16 ans, mal dans sa peau, mal dans ses pompes. Quelques kilos en trop qui à cet âge-là font toute la différence. Adolescence cruelle.
Elle a le malheur d’être bonne élève cette gamine. Ca n’attire pas la sympathie les bons élèves.
Elle entend les moqueries à peine chuchotées. Elle entend les surnoms dont on l’affuble. Oui, elle entend tout ça.
Pourtant il y a dans sa classe des personnes qu’elle connait depuis longtemps. Des personnes qui se disaient ses amis. Il faut croire que l’amitié n’est pas très courageuse à 16 ans. Sait-on jamais, que les moqueries éclaboussent. Alors elle est seule le plus souvent. Le matin, le midi, l’après-midi.
Elle essaie de faire comme si de rien était. Elle essaie de se dire que demain ça ira mieux. Elle essaie de toutes ses forces la gamine. Mais ça ne marche pas. Le lendemain est identique à la veille. Les moqueries, la solitude, la peine, la souffrance, les pourquoi moi, les qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça.
Et puis un jour, la gamine de 16 ans ne parvient pas à passer la porte de sa chambre. C’en est trop. Elle n’en peut plus. Elle a laissé au fil des mois se perdre le peu d’estime qu’elle avait d’elle-même.
Elle ne peut plus affronter le regard des autres. Elle a peur. Elle angoisse.
Alors elle reste dans son lit. Elle ne sort plus. Elle ne va plus au lycée. Ça dure. Des semaines. Des mois. Un tiers d’une année en fait.
Elle se sent en sécurité chez elle. Personne pour la regarder. Personne pour la juger. Adolescence meurtrie. Confiance en soi réduite à néant.
C’est l’histoire d’une fille de 20 ans. Elle s’est éloignée pour se reconstruire. Elle a quitté cette ville. Mais les nouvelles fondations sont fragiles. Friables. La blessure est profonde.
Elle ne parvient pas à se défaire des années passées. L’angoisse remonte dès qu’elle met un pied dans la ville de ses 16 ans. Elle a peur de croiser ceux qui l’ont meurtrie. Elle sait qu’elle ne parviendra pas à les affronter. La confiance en soi est encore aux abonnés absents
Un jour qu’elle fait des courses, la fille de 20 ans croise dans un magasin une fille de l’époque. Une de celles qui étaient ses amies, qui se disait même la meilleure fut un temps. Une de celles qui a pris bien soin d’éviter les éclaboussures des moqueries.
Elle a 20 ans pourtant elle fuit dans les rayons. Pour ne pas la croiser. Pour ne pas qu’elle la voit. Oui elle a 20 ans et pourtant c’est comme si elle en avait 16. Elle ne peut pas, elle n’y arrive pas. C’est trop tôt.
C’est l’histoire d’une femme de 34 ans. Les années ont passé. Les plaies se sont cicatrisées. Les fondations sont plus solides. Les fissures sont encore possibles mais elle sait comment on les rafistole. Elle a deux enfants la femme de 34 ans et un homme qu’elle aime. Elle a réussi ses études. Elle fait un boulot qui lui plait. Elle écrit.
L’estime de soi peu à peu est revenue. Elle peut maintenant marcher dans les rues de ses 16 ans. Elle peut maintenant croiser le regard de ceux qui l’ont connu à cette époque. Sans le détourner. Sans avoir peur. Sans avoir honte.
Oui, la femme de 34 ans sait qu’elle peut marcher la tête haute.
Il aura fallu 14 ans…
Bravo ! Et de ce que je te connais, tu as de quoi marcher la tête haute ! <3
Tu es adorable merci !!!
Tu peux être fière du chemin parcouru et de celle que tu es devenue, n’en doute jamais! Regarde après toutes ces années je suis toujours là à tes cotés, c’est que tu en vaux la peine! 🙂
C’est parce qu’aujourd’hui ca va mieux que je peux le raconter….
Oui Bravo à vous. J’ai trouvé votre billet touchant et bien écrit. Vous l’avez votre revanche. 🙂
Merci pour ce gentil commentaire ! Ce fut long mais j’y suis arrivée !
Ce qui compte c’est l’amour des tiens. Les autres on les emmerde.
Je suis tout à fait d’accord !! Et je pense ca aussi aujourd’hui.. A 34 ans.. Pas facile en revanche à 16 !
Je sais ma belle,et je le comprends plus que tu ne le crois, mais le meilleur reste à venir!
Alors la tu preches une convaincue !
Dis lui que si elle avait parlé à cette fille dans les rayons elle aurait vu une vie triste, la vie des bourreaux adolescents, de ceux qui sont restés au même endroit, qui ne quittent jamais leur trône de pacotille. Pendant qu’elle a vécu, voyagé, aimé, développé, appris, découvert, compris, renoncé sans regrets etc. Qui vit finalement 😉 ? Et oui, on les emmerde
J’aime ton commentaire ! Je t’aime toi pour l’avoir écrit ! 🙂 Le trône de pacotille c’est une jolie expression, tellement vraie. Si seulement à 16 ans on avait le même regard qu’à 30… Après comme je le disais dans mon billet d’hier, même ca je ne le changerais pas. Car je suis convaincue que cela m’a permis d’être la femme que je suis aujourd’hui. Ca m’a obligé à me dépasser pour tous leur dire d’aller se faire foutre. Et je suis bien contente d’être la où j’en suis maintenant.
Comme toi je n’ai pas bien vécu mon adolescence mais pas à ce point car je craignais mes parents et je ne me sentais pas libre de leur en parler … Aujourd’hui je suis fière de ma vie et de ma famille et j’espère transmettre le meilleur à mes enfants 😉
Alors que l’adolescence devrait être une période bénie, où l’on profite.. Ce sont des années terribles pour moi. Dont je crois je ne garde quasiment aucun bons souvenirs. Tu me diras cela a au moins 1 avantage, je ne suis pas nostalgique de ma jeunesse. Je ne dis pas « si je pouvais avoir 16 ans à nouveau ».. Parce qu’1 16 ans je n’étais même pas en état de sortir de chez moi…
C’est vrai tu as raison moi non plus je ne suis pas nostalgique et tant mieux 😉
On dit que le temps efface toutes les peines. C’est faux. Il faut aussi du courage. Tu en as, plein.
Et profiter de la vie c regarder devant soi, pas derrière. Ta route devant est belle, et y a bcp de gens merveilleux autour (oui okay j’me lance des fleurs j’en profite
Oui tu es merveilleuse et meme mieux que ca !!! 😉
Tu sais regarder en arriere est plutot benefique a mon niveau. Ca me permet d’apprecier encore plus le chemin parcouru !
Que d’émotion à la lecture de ce billet, moi qui n’étais pas si loin que ça de toi et qui n’ai pas pris la mesure de ta détresse… Bravo en tout cas pour ton écriture et tes billets que je lis tous…
Merci clementine !!! Je ne savais pas que tu me lisais !!!! Ca me touche beaucoup ! Tu n’etais pas loin mais tu n’etais de toute facon pas assez pres pour pouvoir voir ou faire quoique ce soit. Alors ne culpabilise pas ! Tu as ete presente ensuite et c’est ca l’important ! 🙂
Et oui je suis accro à tes nouvelles, tes histoires, tes ressentis sur les livres, les films, ta positivité. Du coup il a fallu que je regarde « il était temps » après avoir lu ton billet! J’espère vraiment que ton rêve de livre se réalisera, je suis confiante. 🙂
Et alors ?? Qu’as tu pense du film ???
Très beau billet! Il t’a fallu 14 ans, mais tu as réussi. Et tu as bien raison de marcher la tête haute, tu peux être fière de toi, c’est une belle victoire!
Merci beaucoup marie !!! Oui ca a pris du temps mais ca en valait la peine ! La vie est belle aujourd’hui !
C’est triste et à la fois plein d’espoir. Ça m’a touchée.
Et c’est tellement bien écris !
*écrit
Vous etes vraiment adorables !!!!
Ah oui, dis donc. Tu peux être fière du chemin parcouru. Comme toi je me sens mieux dans cette vie d’aujourd’hui que dans celle d’il y a 14 ans. Mais il ne faut pas la regretter, elle a fait ce que nous sommes aujourd’hui, j’en suis certaine également. Des bises
<3