1 vendredi / 1 nouvelle – La balançoire #3
Je vous l’avais promis, l’histoire de Clara va donc se poursuivre un peu. Un troisième épisode aujourd’hui. Et puis qui sait…
La balançoire #3
10 ans plus tard…
Clara lézardait au soleil attablée à une terrasse de café. Il faisait inhabituellement chaud pour un mois d’avril, mais ce n’était pas pour lui déplaire. Elle aimait la luminosité que le soleil pouvait donner aux scènes de vie, aux objets, aux paysages. Comme à chaque fois qu’elle observait, qu’elle regardait autour d’elle, elle s’imaginait les clichés qu’elle pourrait prendre. En général elle avait toujours son appareil photo à portée de main mais pas aujourd’hui. Elle rentrait d’un reportage photo en Australie et avait volontiers laissé son boitier au fond de son sac pour aller boire un lait fraise et lire quelques pages du bouquin qu’elle venait d’entamer. Ses amis se moquaient d’elle la première fois qu’il la voyait commander un lait fraise. C’était sa boisson régressive, celle qui lui rappelait toute son enfance. Celle qu’elle avait envie de boire quand elle se sentait bien, quand elle était heureuse. C’était le cas aujourd’hui.
Elle était épuisée des heures de vol de la veille, mais épanouie. Elle avait couvert pour le magazine pour lequel elle travaillait le mariage d’une riche famille bourgeoise. Le nombre d’invités était impressionnant. Le lieu magnifique.
Elle se souvint du mariage qui aurait du être le sien. Cela faisait un siècle qu’elle n’y avait pas pensé mais les images lui revenaient soudainement en mémoire. Elle se rappelait de la robe qu’elle aurait du porter. Elle se rappelait de Dimitri venu la voir pour lui dire qu’ils s’apprêtaient à faire une grosse bêtise ; quel scandale cela avait été. Elle avait passé quelques jours au bord de la mer dans une petite chambre d’hôte avant d’enfin oser rentrer chez elle et affronter la colère de ses parents.
Elle passa la main sur sa joue, elle pouvait encore sentir la brulure de la gifle qu’elle avait reçue de la part de sa mère quand elle avait passé la porte. Ils s’étaient sentis tellement humiliés, ils n’avaient rien voulu entendre de ses motivations, de leurs motivations à Dimitri et elle. Ils lui avaient dit ne plus avoir de fille. Des larmes rageuses avaient coulé sur ses joues ce soir la. Elle avait fait ses valises et emporté les quelques maigres objets auxquels elle tenait. En partant elle avait longuement regardé la maison dans laquelle elle avait grandi, cette maison dans laquelle elle savait qu’elle ne reviendrait sans doute plus. Puis elle était partie, sans vraiment savoir où aller, sans vraiment savoir ce qu’elle allait faire de sa vie.
Ca n’avait pas été facile de tout quitter comme ca. Elle ne pouvait pas vraiment dire que son enfance avait été malheureuse. Au fond, elle vivait une sorte d’existence privilégiée, comme dans du coton.
Mais elle avait envie d’autre chose. Dimitri lui avait offert la chance qu’elle attendait de vivre sa propre vie.
Les premiers mois n’avaient pas été simples. Elle avait décroché un petit boulot comme serveuse, elle louait une chambre dans un immeuble minable, à peine de quoi se mettre debout, un lit, un coin cuisine, une douche sur le pallier. Elle ne connaissait personne. Mais elle vivait sa propre vie, prenait ses propres décisions. Elle courrait les musées, les expositions, les salles obscures. Une fois le loyer payé, tout son salaire y passait.
Elle travaillait près d’une fac d’art. Elle observait discrètement tous ces étudiants. Ils avaient l’air épanouis et heureux. En tout cas c’est l’image qu’elle avait d’eux. Elle les entendait parler de leurs cours, vanter les mérites de tel ou tel enseignant. Et puis un jour elle avait franchi le cap, elle s’était inscrite en auditeur libre dans un cours sur la photographie. Ca la passionnait depuis toujours. Elle était tombée de haut. Comme tout le monde elle pensait que ce n’était pas compliqué de faire de la photographie. Elle s’était vite rendue compte qu’il y avait un monde entre le photographe amateur et le photographe de métier. Elle avait du apprendre. Se familiariser avec les techniques. Se remettre en question. Aiguiser son regard. Etre exigeante envers elle-même. Ne pas se satisfaire pour progresser.
Et puis voilà, elle était devenue photographe. Elle s’était épanouie dans cet exercice plus qu’elle ne l’aurait imaginé.
Elle était devenue quelqu’un, un nom associé à un talent et non à une origine sociale. Elle ne savait pas si ses parents en avaient su quelque chose. Ils n’avaient jamais cherché à la recontacter. Elle non plus cela étant.
Elle but une gorgée de sa boisson et se pencha pour sortir de son sac le livre qu’elle avait emporté. Lorsqu’elle releva la tête, elle crut voir passer quelqu’un qu’elle connaissait. Ca devait être le fruit de son imagination et de ses quelques minutes d’introspection… Mais un bref instant il lui semblait avoir vu Dimitri.
Un homme s’éloignait de la terrasse de café. Il s’arrêta pour répondre à un coup de téléphone. De profil elle distinguait nettement les contours de son visage. C’était bien Dimitri. Cela lui paraissait tellement incroyable qu’elle se précipita à sa rencontre avant qu’il ne reprenne sa marche ;
– Dimitri ?
Il venait tout juste de terminer sa conversation. Il se tourna vers elle
– Oui ? On se connaît,
– C’est moi. C’est Clara. Tu te souviens la fille que tu as failli épouser et que tu as lamentablement abandonné le jour des noces.
Son visage s’éclaira, un grand sourire lui fendit le visage. Aussitôt, il la prit dans ses bras.
– Mais oui, Clara !! Je ne t’avais pas reconnue ! Tu avais les cheveux longs dans mes souvenirs !
Elle se passa machinalement une main dans les cheveux
– Oui mais j’ai fini par les couper, ce n’était pas très pratique, alors j’ai opté pour du court.
– ca te va magnifiquement bien ! Tu es resplendissante.
– Tu n’as pas l’air mal non plus. Toutes ces années n’ont pas terni ton sourire charmeur.
Il éclata de rire.
– C’est bon de te revoir après toutes ces années. Il faut que tu me racontes tout. Enfin j’en connais une partie, je vois parfois ton nom dans les magazines. Tes parents comment vont-ils ? Ils ont du me haïr…
– C’est surtout à moi qu’ils en ont voulu tu sais. Je crois qu’ils se sont dits que j’avais du faire quelque chose d’atroce pour que tu ne veuilles plus m’épouser. Ils n’ont rien voulu entendre de nos désirs, de nos envies, de notre certitude de faire une erreur. Je ne les ai jamais revus depuis.
– Tu m’en vois désolé.
– Ah mais non. Ne le sois pas. Je ne t’ai d’ailleurs jamais remercié pour ne pas m’avoir épousé ! Je suis aujourd’hui une femme heureuse. Je mène ma vie comme je l’entends. Et c’est en partie grâce à toi. Alors merci.
Il semblait ému.
– Je suis heureux de t’entendre dire ça. Tu sais je m’en suis beaucoup voulu de te faire un truc pareil. D’avoir choisi de m’assumer le jour de notre mariage. J’ai longtemps gardé en mémoire ce que tu m’as dit ce jour la. De ne pas avoir honte de qui j’aimais, ni de qui j’étais. Moi aussi j’ai affronté mes parents ce jour la. Ma mère a compris je crois, en tout cas elle ne m’a pas fait de reproches. En revanche, mon père… Il m’a renié dans tous les sens du terme. J’écris à ma mère une fois de temps en temps, je sais qu’elle est malheureuse de cette situation. Mais elle a choisi son camp. Et j’ai choisi le mien.
– Et tu es toujours avec celui pour qui tu m’as quitté ? Cette phrase paraît vraiment surprenante prononcée à haute voix !
Elle rit à son tour.
– Oh la, non. Moi j’ai choisi de m’assumer mais lui pas du tout. Il a d’ailleurs je crois épousé une amie de sa famille quelque temps plus tard. Une fille atroce. A qui il a du faire un enfant. Sans doute pour sauver les honneurs et avoir la paix. J’ai fini par rencontrer quelqu’un malgré tout. Notre appartement est d’ailleurs à quelques rues d’ici. Ca me ferait plaisir de te le présenter.
– Ce serait avec plaisir. Je vis dans cette ville moi aussi. Je m’y suis installée il y a quelques mois. Tiens voici mon numéro de téléphone.
Le silence commença à s’installer. Pas facile de combler 10 ans. Pas simple de repenser à ce moment où leurs deux vies avaient pris un chemin différent de celui prévu. Il la serra tendrement dans ses bras puis lui promit de l’appeler.
Elle retourna s’asseoir et finit son verre de lait fraise. Saveurs d’enfance qu’elle tenait à conserver en mémoire. Mue par une envie soudaine, elle attrapa son téléphone
– Oui, allo ?
– Allo maman. C’est moi. Clara.
Peut-être y avait-il des choses à sauver. Peut-être qu’il était temps…
Ah oui ça mérite un troisième épisode, peut être 1 épisode tous les 10 ans de sa vie …
Je ne sais pas trop encore. Faut me laisser le temps d’y reflechir…
Vivement vendredi prochain! 🙂
Ah mais vendredi prochain je crois que ce sera autre chose. Faut que je reflechisse a clara… Dans quel sens je veux la faire avancer
Tu sais que tu es mon rayon de soleil du vendredi ? 😉
C’est adorable !!!!! Et toi le rayon de soleil du mien avec ton commentaire !
Tu as vraiment le chic pour qu’on s’attache aux personnages… Bon ben #TeamClara ? 😉
Je confirme. Une #teamclara s’impose.
Mais vous etes tellement des amours !!! J’ai les meilleures lectrices du monde !
Mais quel compliment !!!! Tu as compris. Ce que j’aime ce sont les personnages !
Oui, encore un épisode…j’adore.
Merci merci merci !!!!
Ah mais non ça se termine comme ça ! Tu ne peux pas nous laisser comme ça 😉 Vivemeny la suite !!!
Hi hi hi !! Vous laisser sur votre faim est grisant pour l’auteure en devenir que je suis ! Ca veut dire que l’histoire est reussie !
J’ai enfin pris 5 minutes pr lire ma nouvelle du vendredi…
Encore une belle histoire en perspective 😉 Tu écris tellement bien <3
#TeamClara j'en suis
Hi hi !!! Cette team grossit chaque jour !!