Mes kilos et moi
J’ai lu aujourd’hui le billet publié par Marie (vous le trouverez ici). Ses mots m’ont touchée. Beaucoup. J’ai eu envie de poser les miens sur mes maux. Jeu de mots facile pour une souffrance qui ne l’est pas.
Pour raconter. Pour partager. Pour donner de l’espoir.
D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours eu des rondeurs, pas de celles qui font dire que l’on a l’air plein de vie. Mais plutôt de celles qui font dire que c’est trop.
J’ai entendu les sympathiques « ta fille n’a pas encore grossi ?», « Tu ne devrais pas manger de chocolat » et les toujours délicats « Tu sais tu devrais faire attention, les garçons n’aiment pas les grosses ».
J’ai connu les larmes que l’on tente de dissimuler sous l’oreiller parce que l’on n’est pas comme les autres. Parce que l’on ne peut pas mettre cette jupe courte. Parce que l’on a entendu les moqueries. Parce que l’on a une fois de plus été la dernière choisie en sport.
J’ai trimballé mes kilos en trop de nutritionniste en nutritionniste. Depuis que j’ai 12 ans.
Pourtant à l’époque, il n’y avait sans doute pas de quoi s’alarmer. Des rondeurs qui se seraient sans doute atténuées pour devenir appétissantes.
Mais l’entaille était faite. Blessure supplémentaire sur une fragilité naissante.
Je suis entrée en guerre. Contre les kilos, contre les cuisses, contre la balance, contre moi. J’ai chercher à maigrir, j’ai cherché à ne pas regrossir, j’ai cherché à re-maigrir, j’ai cherché à ne pas trop re-grossir. Des kilos perdus, des kilos repris. Une blessure profonde. Un mal-être palpable. Un dégout de soi.
Et puis, un dernier nutritionniste. Parce qu’on ne sait jamais. Parce qu’on a encore grossi. Parce qu’on n’en peut plus. Un dernier nutritionniste qui ne veut pas me faire maigrir. Un nutritionniste qui me prend par surprise. Un nutritionniste qui me dit que le problème ce n’est pas seulement ce que mange, mais pourquoi je le mange. Un nutritionniste qui me dit qu’il me faut d’abord réfléchir à ca. Et qu’ensuite je pourrais revenir le voir.
Je réalise. Oui, la nourriture a finit par devenir un problème.
Manger pour se remplir. Manger pour recouvrir le plus possible cette plaie intérieure, cette souffrance. Manger pour se faire du bien. Ou s’en donner l’illusion. Parce que la bouffe ca ne déçoit pas. Parce que la bouffe c’est toujours réconfortant. Parce qu’après une tablette de chocolat on a un peu oublié.
Manger sans faim. Juste pour manger. Et finalement ne même plus savoir quand on a faim.
Les kilos se sont enchainés. Le combat était vain. J’avais perdu la guerre. Je me suis rendue. J’ai décidé d’arrêter de lutter. J’ai décidé de me regarder bien en face, les yeux dans les rondeurs. J’ai décidé de les accepter. J’ai décidé de faire avec, de vivre avec. J’ai décidé de ne plus me réduire à un chiffre sur une balance. De ne plus me réduire à une taille de pantalon. C’était une autre guerre. Tout aussi difficile mais à l’issue plus sereine.
J’ai cessé de lutter contre les kilos. J’ai cessé d’en prendre. La balance s’est recouverte de poussière.
Il m’a fallu du temps. Des années. Beaucoup d’années. Pour être prête à reprendre le combat. Pour les bonnes raisons. Parce que je m’aime et non parce que je me déteste.
Cette décision je l’ai prise il y a un mois. Parce que je me sens bien. Parce que je me sens mieux. Parce que c’est le moment. Parce que je sais que je vais y arriver. Je réapprends à manger. Je gère mes émotions autrement.
Aujourd’hui, j’étais en réunion. 2h30 aller. 2h30 retour. Habituellement, sur le retour je m’arrête acheter une bricole pour le repas du soir. Et j’accompagne cette bricole d’une autre en chocolat. De plusieurs autres. Pour passer le temps du trajet. Pour m’occuper l’esprit. Pour m’occuper les mains.
Ce soir je me suis arrêtée. J’ai acheté des sushis pour le repas du soir. Je suis passée devant les bricoles au chocolat et je ne me suis pas arrêtée.
Ce soir je n’en ai pas eu besoin.
Ce soir et demain aussi. J’espère. J’y crois.
🙂 tes mots font plaisir à lire. C’est important de se sentir bien. Le rapport à la bouffe peut vite devenir envahissant, mais quand les plaisirs simple se retrouvent, on se sent tout de suite beaucoup mieux. Des bises et courage dans ton parcours !
C’st drole mais en fait je crois que le plus dur est fait. Maintenant il ne me reste qu’à suivre WW, et au fond c’est facile quand on est en paix avec soi.
Tu m’as fait pleurer, c’est tellement ce que j’ai vécu, même dans ma famille proche, très proche… et tu as juste oublié les « prends toi en main! secoues toi… » et les perfides « mais ça n’est qu’une affaire de volonté… » qui te font encore plus mal parce qu’ils veulent dire que tu n’es qu’une chiffe molle sans volonté…
C’est aussi pour ca que j’ai décidé d’écrire ce billet très personnel. Pour peut-être envoyer un message positif à d’autres qui ont eu le même vécu. Pour dire que l’on s’en sort. Que ce n’est pas une fatalité.
Tu as raison, le tout c’est de s’accepter. Et que l’essentiel n’est pas là.
Ce n’est pas facile. Mais une fois que c’est fait, ca change la vie ! 🙂
J’ai eu honte en lisant ton billet… Honte de me plaindre de mes quelques kilos en trop en comparaison avec la souffrance que tu as pu endurer. Mais finalement je crois que le rapport que l’on peut avoir avec notre poids dépend du rapport que l’on a avec soi-même et tu sais sûrement mieux que personne l’estime que je peux avoir de moi… alors je crois que tu ne m’en voudras pas…
AH mais il n’y a surtout pas de hiérarchie dans les complexes !! On peut être dans le même état avec seulement 3 kilos de trop. Donc bien sur que je comprends que tu puisses te sentir mal dans ta peau. Je ne le rapporte jamais à moi.
prendre soins de soit parce que on s’aime et non parce que on se déteste ! C’est très beau cette phrase et finement analyser. Tu as raison ça c’est une bonne raison. Et je te trouve très belle 🙂
Et a contrario de toi, j’ai entendu aussi « mais t’es maigre » « tu as pas ENCORE maigris » « tu as des mollets de coq » et ça aussi ça fait très mal, ça laisse des traces. mon corps je le montre très peu. Je ne me mets jamais en maillot par exemple. L’épreuve piscine et plage et pour moi une torture…
Les gens ne se rendent pas compte du mal qu’ils font !
Merci beaucoup !!!!!! Et je conçois tout à fait quelle peut être la souffrance inverse d’être jugée « trop maigre »…. Les gens feraient mieux parfois de garder leurs réflexions pour eux. Ils ne se rendent pas compte du mal qu’ils peuvent faire. Après tout, il y a des grands, des petits, des gros, des maigres, des blonds, des bruns… Si l’on n’arrêtait un peu de juger l’autre sur son apparence physique, le monde se porterait bien mieux
Ho purée sorry pour les fautes ! *analysé *est pour moi une torture
Ah ah !! Pas grave !! 😉
je me sens moins seule… courage !
C’est pour ca que je l’ai ecrit aussi ! Pour que d’autres se sentent moins seules !
Quel chemin ! Félicitations ! J’ai gardé quelques kg après mes grossesses et je sais que cette 3eme est surement la dernière … du coup ce sera dur pour moi l’année prochaine car je grignote beaucoup … je sais que c’est pour passer le temps et je sais que ça me fait plaisir mais je vais devoir arrêter … Alors merci pour ton article qui me fait prendre encore plus conscience qu’il faut s’aimer avant tout 😉
Quand on s’aime tout devient plus facile. Meme perdre du poids. Parce qu’il y a moins d’urgence. Parce qu’il y a moins de pression.
Essayer de perdre du poids parce qu’on s’aime et non parce qu’on se déteste… je crois que tu as tout compris ma belle !
Je comprends parfaitement ce que tu as pu vivre, peut être que, moi aussi, un jour, j’aurai le courage de raconter mon histoire, mais je ne suis pas suffisamment en paix avec moi-même pour le,moment 😉
Raconter ca libere ! Je me sens bien mieux dps ce billet. Je n’aurais pas cru.