1 vendredi / 1 nouvelle – La balançoire #5
Plus les semaines passent et plus j’ai plaisir à écrire la nouvelle du vendredi.
Plus les semaines passent et plus l’envie de ne faire un jour que ca est forte…
La balançoire #5
Le temps était maussade. Nuageux et froid. Comme si le soleil respectait leur douleur en ne les éclairant pas de ses rayons.
Depuis combien de temps était-elle assise sur sa balançoire ? Elle ne saurait le dire. Une demi heure. Peut-être une heure. Son chagrin lui semblait insurmontable. Elle essayait de ne pas penser, de se concentrer uniquement sur le léger mouvement de balancier qu’elle imprimait avec ses jambes. D’avant en arrière. D’arrière en avant.
Son père était mort la veille. Elle s’y attendait, elle s’y préparait depuis qu’elle l’avait vu dans son lit. Mais pour autant la douleur était immense. Amplifiée par toutes ces années perdues. En cet instant, elle se détestait. De ne pas avoir su mettre sa rancœur de côté. De ne pas avoir été capable de pardonner. Il était trop tard maintenant.
Ce matin elle avait enterré son père. Et elle se sentait horriblement seule. Sa mère ne lui adressait que les mots que commandent la politesse. Bonjour, Merci, Bonne nuit, en somme.
Même le chagrin de la perte n’avait pas réussi à les rapprocher. Pour une raison que Clara ignorait, sa mère ne lui paraissait pourtant pas anéantie.
Elle s’était attachée à organiser la cérémonie, ainsi que la collation qui suivrait. Elle avait pris un soin tout particulier pour les faires parts, elle avait réfléchi posément aux personnes à qui elle les enverrait. Comme si la bienséance et le protocole étaient plus importants. Il fallait inviter le duc de machin parce qu’il y a six mois ils avaient été conviés à un enterrement de leur côté. Il ne fallait pas oublier la cousine Edwige qui chaque année leur adressait une carte de vœu. Clara ne se souvenait même pas d’avoir ne serait-ce qu’une fois rencontré cette vague cousine.
Elle ne tenait pas à recevoir les condoléances de toutes les personnes présentes, dont elle ne connaissait même pas la moitié. Elle s’était éclipsée avant le défilé et les embrassades, sous le regard outré de sa mère.
Elle voulait par ailleurs fuir tous les regards curieux qu’elle avait sentis sur elle. Grace à sa mère, tout le monde la croyait devenue folle.
En sortant de la maison, elle avait aperçue la balançoire au loin, elle s’était dit que c’était un bon endroit pour aller pleurer.
Elle portait une vieille robe de sa mère. Noire. Le noir est de rigueur quand on enterre quelqu’un. Elle détestait cette couleur. Elle trouvait que le noir rendait perméable au malheur. Elle n’en portait jamais pour cette raison. Toute petite déjà, elle exigeai des robes de couleurs vives, des robes qui reflètent la lumière, des couleurs qui donnent le sourire même si on est tristes.
Elle aperçut au loin quelqu’un marcher vers elle. Elle ne voulait parler à personne. Elle voulait juste se balancer. D’avant en arrière. D’arrière en avant.
C’était Rob. Elle l’avait aperçu pendant la cérémonie. Il lui avait adressé un salut d’un signe de tête.
– Vous êtes toute seule ?
– Non je suis en pleine discussion avec des tas d’amis, ca ne se voit pas ?
– Des amis imaginaires alors. En même temps, rien de bien étonnant pour quelqu’un qui a passé plusieurs années en hôpital psychiatrique
– Ca vous arrive d’être aimable parfois ? Parce que franchement si vous êtes venus pour étaler votre cynisme et votre méchanceté ce n’est pas utile. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, ce matin c’est mon père que l’on a enterré.
Elle s’était arrêtée de se balancer et mise debout pour s’éloigner. Il lui attrapa le bras.
– Je suis désolé. Vous avez raison, ma remarque était déplacée. Mon père est décédé l’année dernière, je sais combien cela peut être douloureux.
Clara fondit en larmes. Toutes les émotions qu’elle avait contenues tant bien que mal échappaient maintenant à son contrôle.
Rob la prit dans ses bras.
– J’espère que ce n’est pas moi qui vous fait pleurer comme ça.
– Non je pleure parce que mon hôpital me manque. Vous savez on s’y fait au fond à la folie.
Elle leva les yeux vers lui. Il semblait surpris par sa réplique. Elle lui sourit.
– Je suis désolée, c’était une plaisanterie de mauvais goût.
– Je l’ai mérité. C’est de bonne guerre.
– Je ne sais pas ce que ma mère a bien pu raconter à la terre entière, mais sachez que je ne déplore dans mon dossier médical aucune maladie mentale.
– Mais vous n’avez pas à vous justifier Clara.
– Si, j’y tiens. Il y a toutes ces personnes qui me dévisagent depuis ce matin comme si j’allais me mettre à me frapper la tête contre le sol ou je ne sais quoi d’autre.
Elle lui raconta. La demande en mariage de Dimitri. Les préparatifs. Les doutes qu’elle ressentait. La venue de Dimitri le jour même. Leur fuite. La réaction de ses parents.
Ils s’étaient éloignés de la balançoire et avait longé le bois qui bordait la propriété. Au fond du jardin, il y avait un banc en pierre sur lequel elle prit place. Il l’imita.
– Je vous admire Clara. Vous voyez moi je n’ai pas eu votre courage. Robert Duchamp Junior. Notaire de père en fils. J’ai suivi les traces de mon père. Pourtant je crois que je n’en avais aucune envie.
Il avait les yeux perdus dans le vague. Puis il se tourna vers elle et plongea les yeux dans siens.
– Vous n’avez pas à vous reprocher toutes ces années passées. Ce sont vos parents qui vous ont rayée de leur vie. Ils n’ont pas fait l’effort de vouloir vous comprendre. Ils ne cherchaient pas votre bonheur.
– Que me vaut cette soudaine gentillesse ? Dois-je m’attendre à une remarque acerbe de votre part ensuite ?
– Admettez que le cynisme est séduisant !
Clara se sentait étrangement bien en sa compagnie. Et à y regarder de plus près, elle lui trouvait un certain charme. Il n’était pas très grand mais avait des yeux d’un vert incroyable.
Ils furent interrompus par le tintement d’une cloche. Celle que sa mère agitait quand elle était petite et qu’il était l’heure de se mettre à table.
Cette même cloche derrière laquelle se tenait sa mère aujourd’hui, toute de noire vétue, pour la rappeler à l’ordre.
Elle se leva à regrets. Rob la suivit
La suite, la suite !!! J’adore !
Vendredi prochain !! 😉
Hannnn ! Je fonds, j’aime ce texte. Suis je sensible à l’amour naissant ? Je ne sais pas, mais Carène, tu nous emportes encore une fois dans une histoire attachante. Je n’ai plus assez de mots pour te dire toutes les semaines combien j’aime te lire.
Juliette et Clara, différentes mais toutes les deux attachantes. Voila ce que j’aime lorsque j’écris. Inventer des personnages.
Chouette la suite !!!
J’ai bien aimé les textes précédents, même si je ne commente pas.
Mais cette Clara donne envie de la suivre !
Alors, merci !
Merci pour elle ! Et merci pour moi !! Je vais encore emmener Clara sur quelques épisodes je pense.
Toi tu prends plaisir à l’écrire mais ns on prends encore plus de plaisir à la lire !!!
Plein de love sur toi !!!!!
Avec de plus en plus de retard… tu me fascine toujours autant, hâte d’être vendredi prochaine <3
Merci ma belle !!!
Haaa Carène, incorrigible romantique !! Je saute à l’épisode suivant …
Attend l’épisode suivant.. Et ensuite tu me diras ce que tu penses de mon romantisme… 😉