1 vendredi / 1 nouvelle – La balançoire #6
Ceux qui lisent cette rubrique ne le savent peut-être pas mais si je l’ai commencé il y a maintenant 43 semaines c’est à la suite du concours écrire au féminin auquel j’ai participé l’année dernière. Je voulais m’entrainer à écrire des histoires dans la perspective du prochain concours.
Finalement, l’amour de l’écriture a très vite pris le pas sur l ‘objectif de départ. Aujourd’hui tout ca compte tellement plus…
Ceci étant, le concours écrire au féminin a de nouveau pointé le bout de son nez, et donc je profite de cette rubrique qui en est issue pour vous présenter ma nouvelle de cette année. J’espère que vous l’aimerez. Et si c’est le cas que vous voterez pour elle. Pour les mots. Pour l’histoire. Pour les émotions. Vous la trouverez ici.
Et pour aujourd’hui, la suite des histoires de Clara, attention les yeux et les cœurs…
La balançoire #6
Cela faisait deux jours que son père était décédé. Deux jours tristes et sombres. Une ambiance de plomb régnait au sein de cette maison qu’elle avait fui des années auparavant.
Assise dans le bureau de son père, Clara n ‘attendait qu’une chose, la lecture du testament, pour pouvoir repartir chez elle et reprendre le cours de sa vie.
Elle se maudissait de ne pas avoir pris son appareil photo.
Si elle l’avait fait, elle aurait au moins pu s’échapper, au sens propre comme au figuré. Les secondes duraient des minutes, les minutes des heures… Elle manquait d’oxygène. Elle se sentait comme oppressée.
La seule chose qui lui apportait un peu de réconfort c’était sa rencontre avec Rob.
S’il lui avait paru cynique au premier abord, en réalité il n’en était rien. Il avait l’esprit vif et une répartie à toute épreuve mais finalement était plutôt bienveillant.
Le lendemain de leur discussion autour de la balançoire, il avait rendu visite à sa mère pour mettre en ordre le dossier de succession à venir et il en avait profité pour l’inviter à diner.
Elle avait accepté avec empressement, sans doute un peu trop s’était-elle dit après coup. Le silence glacial de sa mère lui collait la chair de poule alors à côté l’invitation lui parut miraculeuse. Comme un naufragé à qui on lance une bouée de sauvetage depuis un navire.
Il l’avait emmenée dans un restaurant ouvert depuis peu. Un italien qui proposait les meilleures Penne all’arrabiata qu’il ait jamais mangé lui avait-il dit alors qu’elle consultait la carte. Et un tiramisu dont elle lui dirait des nouvelles, si tant est qu’elle ne fasse pas partie de toutes ses filles qui s’affament pour perdre quelques grammes.
Elle lui avait rétorqué qu’au besoin elle irait se faire vomir.
Il avait hésité un court instant, puis voyant son sourire, avait éclaté de rire.
Les Penne étaient effectivement délicieuses et sa conversation tout autant.
Il lui avait raconté son enfance. Il avait été adopté alors qu’il était tout bébé, sa mère ne pouvant avoir d’enfant en raison d’une malformation. Il était son unique fils, elle l’avait donc choyée plus que de raison. Sa relation vis à vis de son père était plus tendue. Il avait cherché à lui plaire, en quête de lire de la fierté dans ses yeux. Il n’y était pas parvenu disait-il. Come si son père n’avait pas fait le deuil de cet enfant biologique qu’il désirait. Comme s’il n’était pas réellement son fils.
Pourtant il avait fait de son mieux, des études de droit brillantes, un diplôme de notaire. Il avait emboité le pas de son père pensant ainsi lui faire plaisir. Quoi de mieux qu’un « notaire de père en fils »…
– Et ca n’a l’a pas rendu fier ?
– A vrai dire, je n’en sais trop rien. Il n’était pas homme à s’épancher sur ses sentiments. Je pense qu’au fond de lui cela devait lui faire plaisir. Mais pas autant que si cela avait été son vrai fils. Son sang. La chair de sa chair.
– C’est terrible.
– Terrible je ne sais pas. De gens vivent des choses bien pires.
– Tu regrettes les choix que tu as fait ?
– Dois-je voir dans ta question un parallèle avec ta propre histoire ?
– Sans doute un peu… Toi tu as fait ce qu’au fond on attendait de toi. Moi non.
– Mais toi tu es heureuse aujourd’hui. Moi non
Il lui avait parlé de sa passion pour la littérature. Hemingway, Dickens, Mark Twain, John Irving, et Pat Conroy son auteur préféré. Il avait relu plusieurs fois Charleston Sud et en connaissait certaines répliques par cœur « Je dois combattre au milieu des barricades, des impasses et des culs-de-sac que j’ai érigés comme autant de défenses face à la solitude accablante qui nourrit ma vie quotidienne. Une solitude que j’ai acceptée. »
Clara elle n’aimait pas tellement lire. Elle préférait capturer des images réelles à travers son objectif plutôt que de les imaginer. Mais la manière dont Rob en parlait lui faisait voir la lecture sous un nouveau jour. Peut-être qu’elle était passée à côté de quelque chose de fondamental.
A la suite du diner, ils s’étaient promenés dans les rues désertes de la vieille ville. Clara avait pris le relai de la conversation. Elle lui avait expliqué comment elle travaillait. Lui avait montré tous ces petits détails qui passaient souvent inaperçus aux yeux des passants. Et puis il l’avait embrassé. Comme ça. Comme si c’était naturel. Sous le halo de lumière d’un réverbère.
Le bureau de son père était resté tel que dans son souvenir. Une table en bois massif posée sur un tapis beige. Des fauteuils clubs en cuir rouge foncé. Des lampes placées un peu partout. Et des rayonnages de livres sur tous les murs. Aujourd’hui comme à l’époque elle restait impressionnée par le côté solennel du lieu. Un endroit dans lequel on n’ose respirer.
Rob avait pris place sur le fauteuil qu’occupait son père il y a sans doute encore quelques semaines. Sa mère et elle s’étaient assises en face de lui. Elles attendaient.
Il décacheta le testament et leur en fit la lecture
– Je vais donc vous faire la lecture du document enregistré au sein de l’office depuis maintenant plusieurs années par votre mari.
« Moi Michel D, sain de corps et d’esprit, souhaite que l’ensemble de mes biens et avoirs reviennent à ma fille unique Clara. Qu’elle en use à sa guise. Je souhaite qu’elle mette en vente le domaine familial. Ma chère Evelyne, comme tu le vois, les choses toujours un jour se paie ».
Clara vit sa mère pâlir. Ses mains étaient crispées sur les accoudoirs du fauteuil. L’espace d’un instant, elle crut déceler une larme à la naissance de ses cils, mais sa mère se reprit instantanément.
– Je vous remercie Robert. Tout est désormais en ordre. Je vous laisse donc voir avec ma fille ce qu’il va advenir de moi ;
Puis elle se leva et quitta la pièce. Clara était sous le coup de ce qu’elle venait d’entendre. Elle ne comprenait pas. Elle qui était partie. Qui avait fait vivre à la famille une humiliation en refusant d’épouser Dimitri. Et pourtant son père faisait d’elle son unique héritière. Privant ainsi sa mère de l’usage de la maison dans laquelle elle vivait depuis près de 65 ans.
– Excuse moi Rob, il faut que j’aille retrouver ma mère. Tu m’attends la.
Sans attendre sa réponse, elle sortit du bureau pour rattraper sa mère. Celle-ci était dans la cuisine en train de faire chauffer la bouilloire.
– Maman, je… Je t’assure que je ne suis pour rien. J’ignorais ce que papa avait l’intention de faire. C’est injuste. Je ne comprends pas..
Sa mère fit volte face et la détresse qu’elle lut dans ses yeux lui fit peur.
– Toute sa vie ton père a cherché à me punir. Finalement il aura attendu l’heure de sa mort pour me porter le coup fatal.
– Te punir ? Mais de quoi ?
– D’avoir aimé un autre homme que lui. D’avoir eu un autre enfant.
– Mais… Un autre enfant ? Je ne comprends pas…
– Oui, un autre enfant. L’homme qui était tout à l’heure assis en face de toi.
Devant la violence de la révélation, Clara chancela.
Dois je répondre et commenter là, sous le choc de la chute… oui j’ai toujours fait ainsi et ne dérogerais pas à cette règle. BINGO, encore touchée. Mais que va t’il advenir de Clara, sa mère et Rob ? Tant de questions se bousculent…
Vois l’aviez pas vu venir hein celle la ?!!! Je suis contente de mon coup ! 😉
Roooool la vache….tellement bien ecrit…..c est c est c est… j ai pas de mots
Merciiiii !!! Oui je crois que cette chute laisse sans voix ! 😉
Ah oui ! Quand même…
Même réaction que Clara… 😉
Faut ce qu’il faut !!! Il fallait relancer la machine de la chute !!!
J’aime, comme toujours ou presque… et le coup du frère caché waouh! j’attends la suite avec impatience.
Voila de quoi relancer votre impatience d’une suite hein ?!! J’en suis assez fiere je dois dire.
Je ne m’y attendait pas !! J’adore ! C’est vraiment génial ce que tu écris !
Merci beaucoup. Oui la je crois que j’ai fait fort cette semaine. J’avais hate de lire vos reactions !!!
oh ben merde alors… Pardon mais je ne m’y attendais pas du tout à celle là!
Tu as bien resume la chute !!! 😉
Mais Nooooooooon !!!! Je n’en reviens pas !!!! Tu nous as bien eu …. 😉
Je vous avais installe dans trop de confort de lecture.. La d’un coup tout est bouscule. J’aime ! 😉
Tu as bien raison, pas trop de routine 😉
Sinon j’ai voté pour ta nouvelle sur Auféminin, j’ai adoré !
Ca me donne envie de tester aussi 🙂
Mais vas y lance toi ! La concurrence est rude cette annee… Esperons !
Ca y est texte écrit. Je ne m’attends pas à grand chose mais grâce à toi j’ose me lancer 😉
Yeahhhhhhhh !!! J’ai hate de lire !!!!!
Merde, la vache ! Tu m’ a bluffée sur ce coup là ! D habitude j arrive à prévoir tes chutes avec plus ou moins de précision mais là j’ai fait chou blanc.
Il fallait bien que je degaine une chute de la mort qui tue de mon chapeau !!!! 😉
Ouch !!! T’es dure là … non je suis sûre qu’il y a une entourloupe … je fuse vers l’épisode suivant …
Ah ah !! Tu ne t’y attendais pas à celle-la n’est ce pas ?! 😉