1 vendredi / 1 nouvelle – Rendez-vous à 18h – 3ème prix – Prix littéraire Ecrire Auféminin
1 vendredi / 1 nouvelle – Rendez-vous à 18h – 3ème prix du Prix littéraire Ecrire Auféminin.
Aujourd’hui c’est un vendredi particulier. A plusieurs titres. Aujourd’hui, cela fait 1 an que chaque vendredi j’écris et publie une nouvelle. 1 an déjà. 52 semaines. 52 nouvelles. Des gaies. Des moins gaies. Des histoires uniques. Des histoires à épisodes.
Il y a 1 an lorsque je débutais cette rubrique, j’avais une perspective. J’avais une envie profonde. Ce prix littéraire Ecrire Auféminin qui me faisait tant rêver. Je voulais m’entrainer. Je voulais mettre toutes les chances de mon côté. Et puis… Vous avez été au rendez-vous. Vous avez aimé. Vous avez pleuré. Vous avez réclamé le retour de certains personnages. Vous avez fait éclore juliette.
Et moi, depuis 1 an, je suis chaque semaine dans l’attente fébrile du vendredi suivant pour vous délivrer mes histoires, mes mots. Les vendredis ont pris une place à part dans ma vie. Entre excitation et fébrilité. L’envie que ca vous plaise, la peur que ce ne soit pas le cas.
Le temps a passé. Le mois de juillet est arrivé. Mois synonyme de prix littéraire. J’ai choisi un thème. J’ai écrit une nouvelle. Très vite. Comme une évidence. J’ai comparé à la nouvelle écrite l’année d’avant. J’ai souri. Et je me suis dit, pourquoi pas ? Et si, cette année c’était mon tour ?
Il y a deux jours j’étais sur Paris. Il y a deux jours j’étais dans les locaux d’Auféminin. Il y a deux jours j’écoutais tous ces professionnels de l’édition me dire qu’ils avaient beaucoup aimé ma nouvelle. Il y a deux jours je recevais le 3ème prix. Il y a deux jours un rêve devenait réalité.
Nous sommes aujourd’hui vendredi. Le 52ème vendredi. Rien n’était calculé. Rien n’était prémédité. L’anniversaire d’1 vendredi / 1 nouvelle tombe pourtant le vendredi qui suit la remise des prix. C’était écrit peut-être. En tout cas, c’est la. Et je savoure.
Quel meilleur cadeau d’anniversaire pour la rubrique que la publication de la nouvelle qui a remporté un prix ? Un prix qui est la raison même de sa naissance…
Tout cela pour vous dire merci. Tout cela pour vous dire combien vous comptez pour moi. Tout cela pour vous dire que je continuerai à être la chaque vendredi. Tout cela pour vous dire que je crois plus que jamais en mon rêve et que je sais ce que je vous dois.
Rendez-vous à 18h – 3ème prix – Prix littéraire Ecrire Auféminin
Ils se sont donnés rendez-vous au Delaville Café. Ils y ont leurs habitudes depuis des mois. Depuis qu’ils s’y sont rencontrés en fait. Ce lieu abrite leurs éclats de rire, leurs regards amoureux, leurs engueulades aussi. Il faut dire qu’elle a des idées bien arrêtées sur certaines choses. Elle le lui fait savoir à grand renfort de gestes et de cris. Elle se demande souvent comment il fait pour la supporter. Il l’aime aussi pour ca.
Ils se sont donnés rendez-vous à 18h. Le temps pour elle de quitter le bureau, ses réunions et ses dossiers à classer.
Le temps pour lui de quitter la faculté, ses cours et ses étudiants.
Il est 18h30.
Lui est arrivé pile à l’heure. Elle, est en retard. La ponctualité, encore une chose qui peut les conduire sur un terrain dangereux. Il a horreur d’être en retard. Elle trouve que la ponctualité est ennuyeuse, l’apanage des gens coincés. Il l’attend donc. Comme à chaque fois. Il est nerveux cependant. La pendule accrochée sur le mur en face de lui égrène les minutes qui passent. Il ne parvient pas à en détacher les yeux.
Il sera bientôt 18h45.
Elle n’est toujours pas la.
Ils se sont donnés rendez-vous à 18h. Elle a quitté le bureau à 17h50. Elle sait qu’elle sera en retard mais ne s’en offusque pas, ne se presse pas pour autant. Il connaît son avis sur la question. Elle a 30 ans, elle aura bien le temps d’arriver à l’heure quand elle sera vieille. Pour le moment elle vit sa vie sans se soucier de l’heure. Elle ne porte d’ailleurs pas de montre. Même s’il lui en a offert une. Elle a ri quand elle a déballé le cadeau. Il lui a dit « tu ne peux pas m’en vouloir d’essayer ».
Elle roule en direction du Delaville Café. Elle l’imagine assis tranquillement à leur table, les yeux rivés sur la pendule. C’est comme si elle l’avait face à elle. Comme si elle pouvait deviner précisément comment il est assis, à quel moment il va passer la main dans ses cheveux ou rajuster ses lunettes.
Elle aime tout chez lui. Son sourire, son regard qui parvient, prouesse incroyable pour elle, à être à la fois sérieux et rieur, ses mains, son parfum. Elle aime comme il l’enlace, comme il lui dit je t’aime.
Il connaît tout d’elle. Ses défauts, son sale caractère parfois, les cailloux qu’elle traine dans ses semelles, ses envies d’ailleurs, son besoin d’oubli. Elle devient meilleure quant elle est avec lui. Plus belle, plus intelligente, plus désirable.
Elle a hâte de le retrouver. Il lui fera remarquer qu’elle est en retard. Elle lui dira « je sais papy ». Elle l’embrassera fougueusement pour se faire pardonner. Il lui racontera sa journée. Elle aura été passionnante. Elle lui racontera la sienne. D’un ennui mortel.
Il est près de 18h45. Elle y sera bientôt. Elle tourne au coin de la rue.
Un crissement de pneus. Un choc violent. Des bruits de taule. Des cris affolés de passants. Le bruit d’une sirène. Le son d’un « tenez le coup mademoiselle ». Puis plus rien.
Ils s’étaient donnés rendez-vous à 18h. Il est presque 20h. Cela fait maintenant près de deux heures qu’il est assis là. A leur table. Celle où il aimait lui prendre la main. Celle où elle aimait qu’il le fasse.
Il sait qu’elle ne viendra pas. Il sait qu’elle ne viendra plus. Il le sait depuis deux heures. Il le sait depuis dix ans.
Pourtant, il ne parvient pas à étouffer cet espoir fou de la voir passer la porte. Il lui dirait qu’elle est en retard. Elle lui dirait « je sais papy ». Elle l’embrasserait fougueusement.
Ils s’étaient donnés rendez-vous à 18h.
C’était il y a dix ans.
Il se dit qu’il est sans doute temps pour lui de s’en aller. Qu’il est sans doute temps pour lui de tourner cette page qu’il n’a pas pu écrire avec elle. Il se dit qu’il est sans doute temps. Sûrement même.
Son regard est toujours tourné vers la pendule. Deux heures qu’il attend. Les deux dernières il se l’est promis. Une dernière fois.
Il se lève puis quitte leur table, leur café. Ce lieu qui abritait leurs éclats de rire. Ce lieu où il restera toujours une part de lui. Une part qu’il ne retrouvera pas. Une part anéantie en quelques secondes, en un bruit de crissement de pneus.
Il s’éloigne.
Sur la table, il a laissé une rose rouge. Une rose conservée dans un de ses livres depuis dix ans. En bas de la tige, il y a un ruban. La couleur est aujourd’hui passée mais on devine qu’il devait être vert d’eau. Sa couleur préférée.
Une rose, un ruban et au cœur du ruban, la ou les deux pans se rejoignent pour faire un nœud, une bague. Celle qu’il devait lui donner il y a dix ans. Celle pour laquelle il lui avait donné rendez-vous. Celle pour laquelle il l’a attendue.
Ils s’étaient donnés rendez-vous à 18h.
Il l’a attendu près de deux heures.
Elle n’est jamais venue.
C’était il y a dix ans.
Merci à vous….
Encore une fois bravo, félicitations. Une grande route s’ouvre devant toi et je suis persuadée que ma bibliothèque contiendra bientôt de nombreux livres de toi <3
De nombreux livres dédicacés !!! Of course !!! 😉
Ben j’espère bien !!
Trop contente pour toi! et félicitations encore. c’est bien de voir quelqu’un réaliser son rêve
Bonjour,
Merci pour ce texte que je viens de savourer. C’est fou comme en peu de mots (justement), vous êtes parvenue à planter un décor et donner envie de rencontrer ces personnages.
Bravo,
Hélène
Merci beaucoup !!!! J’ai essayé de faire passer des émotions à travers cet homme qui attend. Je suis contente si j’y suis parvenue. 🙂
Trop contente pour vous !
Et décidément, je ne peux lire cette nouvelle sans avoir les larmes aux yeux…
😉
Merci ! Je vais vous faire une confidence, cela a beau être mon texte, j’ai beau le connaitre par coeur, à chaque fois que je le relis j’ai la chair de poule au moment ou il dit qu’il ne peut éteindre cet espoir fou de la voir apparaitre.. Il lui dirait qu’elle est en retard, elle lui répondrait je sais papy… A chaque fois ça me cueille au même endroit… 😉
Merci de cette confidence !
C’est dire si vous arrivez à créer une émotion avec des mots tout simples !
Et c’est pour ça que je continue à vous suivre !!!