1 vendredi / 1 nouvelle – Jenny #2
Je n’arrive pas à m’expliquer pour quelles raisons je m’attache à certains personnages et pas à d’autres. C’est pourtant moi qui les fait naitre sous la plume, tous. C’est comme si parfois le personnage devenait plus fort que moi. Ca a été le cas de Juliette. Puis de Clara. Et cette fois-ci c’est Jenny. Elle m’a plu cette jenny dès les premières phrases. La nouvelle de la semaine dernière n’était pas suffisante. Je n’ai pas envie de me séparer d’elle. Pas tout de suite. J’ai envie de voir ce qu’elle peut donner. Ce que je peux lui apporter. Alors, voici la suite. J’espère qu’elle vous plaira.
Jenny #2
Pour l’occasion elle s’est offert un tailleur. Rien de bien extravagant mais quelque chose de chic. Un tailleur noir. Une jupe crayon et une veste cintrée. Quand elle s’est regardée dans la glace de la cabine d’essayage, elle s’est trouvée jolie. Et puis elle s’est dit « cette fille la n’a pas trop l’air d’une pute », « cette fille la peut gagner sa vie autrement qu’en vendant son corps ».
Aujourd’hui est un jour important. Oui, aujourd’hui elle passe un entretien d’embauche. Pour un poste d’hôtesse d’accueil. Pour une grande entreprise. Elle ne connaissait pas le nom alors elle a fait quelques recherches sur internet. Elle a bien compris qu’on ne lui demanderait pas d’être pleine d’esprit pour le poste. Un joli sourire et un beau cul devraient suffire. C’est déjà tellement mieux que le corps au complet.
Elle a fait quelques plans. Elle travaillera peut-être un ou deux ans dans cette entreprise, juste le temps de mettre un peu d’argent de côté pour se payer une formation. Elle a pensé à aide-soignante. Elle aimerait bien s’occuper des autres. Elle aimerait bien s’occuper des vieux. Elle les trouve touchants. Ils lui paraissent inoffensifs.
Oui, elle s’est déjà tracée un chemin dans sa tête. Loin du bar, loin du trottoir, loin des « qu’elle-ce qu’elle boira la ptite dame ».
De toute façon, il faut qu’elle s’en sorte. Il faut qu’elle quitte cette vie. Ca va finir par la tuer. Ca l’a déjà tué, lui.
Devant son miroir, elle peut encore voir les traces rouges autour de son cou. Elles ne sont presque plus douloureuses mais elles sont encore la. Depuis qu’un client a essayé de l’étrangler elle ne vit que pour pouvoir passer à autre chose. Elle n’est pas retournée dans le bar. Elle pioche dans sa caisse métallique rouge qu’elle planque sous son lit. Mais la caisse se vide vite et il faudra bientôt payer le loyer.
Depuis qu’elle s’est débattue pour pouvoir respirer, pour se défaire de l’étreinte mortelle, elle n’est plus vraiment la même. C’est comme s’il l’avait réveillée.
Pourtant elle a perdu son petit locataire ce soir la. Elle aimait penser à lui de cette manière. Elle voulait prendre soin de lui, et peut-être que grâce à lui elle aurait appris à prendre soin d’elle. L’espace est désormais vide.
Elle ajuste le petit foulard qu’elle a choisi pour aller avec la tenue. Pour dissimuler les traces rouges.
Elle regarde l’heure sur la pendule du mur de la cuisine. Il est temps qu’elle y aille si elle ne veut pas être en retard. Elle se sourit une dernière fois pour se donner du courage. Elle se dit qu’elle doit bien ça au petit locataire.
Devant les portes de l’entreprise, elle est un peu angoissée. Ils ont sans doute du recevoir des centaines de candidatures. Pour quelles raisons la prendraient-ils elle ?
Elle n’a jamais travaillé. Enfin, pas de la façon dont il faut l’entendre dans le monde normal. Elle ne sait sans doute pas faire grand chose.
Elle s’approche du comptoir d’accueil. Comptoir derrière lequel elle se tiendra peut-être d’ici quelques jours. Derrière le comptoir il y a une jeune femme. Plutôt jolie. Avec un beau sourire. Peut-être que dans quelques semaines elles seront collègues. Peut-être qu’elle deviendra son amie.
– Bonjour mademoiselle, que puis-je faire pour vous ?
– Je suis jenny, enfin Jennifer. J’ai rendez-vous pour un entretien. C’est pour le poste d’hôtesse qui est à pourvoir.
– Je vais prévenir le directeur des ressources humaines de votre arrivée. Je vous laisse patienter quelques instants ?
– Merci.
Elle regarde tout autour d’elle pour apprivoiser les lieux. Le hall d’entrée est lumineux. Le nom de l’entreprise ainsi que son logo sont en bonne place sur le mur derrière l’hôtesse. En belles lettres chromées.
Quelques plantes sont disposées ici et la. Il y a aussi quelques fauteuils. Mais Jenny n’ose pas s’asseoir. Ses mains sont crispées sur les anses de son sac à main. Elle sait qu’elle n’a pas le droit à l’erreur. Il lui faut ce travail.
Elle aperçoit un homme venir vers elle. Sans doute le directeur des ressources humaines. Il boite légèrement. Elle y voit comme un point positif pour l’entreprise. Elle y voit comme un encouragement.
– Mademoiselle Jennifer Grey ?
– Oui, c’est moi.
– Dites moi, ce ne serait ce ne pas le nom d’une actrice ca ?
– Si, si, ma mère était fan de Dirty dancing, alors lorsqu’elle a rencontré mon père, Thomas Grey, elle n’a pas pu résister à l’envie de m’appeler Jennifer. Mais tout le monde m’appelle Jenny.
Il rit. Alors elle se souvient.
De qui il est.
Du soir où elle l’a connu.
Evidemment. Mais à quoi pensait-elle ? Qu’elle pourrait comme ca rien qu’en enfilant un tailleur élégant se débarrasser de son passé de putain ? Que ce serait facile parce que simplement elle l’avait décidé ?
Elle le suit jusque son bureau. Elle s’accroche à l’espoir que lui ne l’aie pas reconnue. Après tout, il faisait sombre et elle était bien plus maquillée qu’aujourd’hui. Et puis, il n’a pas fait mine de savoir qui elle était lorsqu’il lui a serré la main.
Il ouvre la porte de son bureau et lui fait signe de le précéder pour entrer. Elle prend une grande respiration et entre dans la pièce. Elle fait quelques pas pour atteindre la chaise qui est en face d’elle. Elle entend que derrière elle il ferme la porte à clé.
Elle se retourne.
– Tiens, tiens, comme étrange. Une pute qui veut devenir hôtesse d’accueil. Certes tu as un joli cul, comme j’ai pu en juger, mais tu ne penses pas quand même que tu peux être embauchée par une vraie entreprise ?
– Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler.
– N’essaie pas de te défausser. Je suis très physionomiste. Une qualité qui m’a toujours servie dans mon boulot. Je t’ai reconnue dès que je t’ai aperçue dans le hall.
Elle essaie de réfléchir à la manière de se sortir de cette situation. Elle tente de refouler les larmes qui montent à l’idée qu’elle n’aura pas le poste et que tout est désormais fichu. Elle essaie de ne pas penser au trottoir qui immanquablement l’attend ce soir.
En quelques pas, il s’approche d’elle. Elle devine dans son regard une lueur mauvaise. Celle du type qui se sent fort. Il tend le bras vers elle et lui attrape une mèche de cheveux qui s’est échappé de son chignon.
– En même temps, je peux peut-être faire quelque chose pour toi. Si tu es prête à faire quelque chose pour moi, la tout de suite.
Elle repousse sa main.
– Je ne suis pas celle que vous croyez.
Elle tente de se rapprocher de la porte. Il lui saisit le bras.
– Wowowo, ne pars pas comme ça ma jolie. Tu viens juste d’arriver. Et moi j’ai tout mon temps. Tu es le dernier entretien de la journée. D’ailleurs si tu veux tout savoir les autres candidates n’étaient pas à la hauteur. Tu as toutes tes chances.
Elle essaie de se dégager mais il la tient fermement. Elle se retourne pour pouvoir le gifler mais alors qu’elle tend sa main, il lui attrape le second bras puis le lui tord.
Elle ne peut retenir un petit cri.
– Tu aimes ca hein. Tu vas voir ca va être bon.
– Laissez moi partir je vous en supplie.
Elle sent son excitation à travers son pantalon. De nouveau elle essaie de se dégager mais il est plus fort qu’elle. Tout en la maintenant, il la pousse contre le bureau puis se plaque contre elle. Sa bouche se colle à la sienne, elle sent sa langue forcer ses lèvres. Elle réprime un haut le cœur.
Il lui libère une main pour pouvoir lui remonter sa jupe et déboutonner son pantalon. De sa main libre, elle tâte les objets sur le bureau. N’importe quoi. Pourvu que ca lui permette de sortir de ce bureau.
Il a remonté sa jupe jusque son nombril, il frotte son sexe sur entrejambes. Sous les doigts de sa main libre, elle sent un objet métallique, tranchant. Un coupe papier.
Sans réfléchir, elle s’en saisit fermement et avec toute la rage qu’il lui inspire elle le frappe. A plusieurs reprises. Sans s’arrêter.
Elle sent la lame s’enfoncer dans sa chair. Du sang lui éclabousse le visage. Il s’écroule sur elle.
Elle le repousse de toutes ses forces puis sans se retourner elle s’enfuit.
Je repensais justement à ton texte hier en entendantant la chanson
cette suite est géniale mais heu tu t’arrêtes pas là hein ?
Ah ah ah !! Et si je m’arrêtais la en fait ? Non bon d’accord, je peux pas décemment vous laisser comme ca ! 😉
non tu ne peux pas ^^
WOW ! Tu sais nous tenir en haleine. J’ai ADORE ! Je crois que je deviens accro à tes mots 😉
J’aime que tu sois accroc !!! 🙂
Oh merde !
Je sais, c’est pas poli…
Mais…
A vendredi pour la suite j’espère !
A vendredi ! 😉
Rhaaaa tu t’essaie au thriller ??? Et superbement bien en plus ! (j’ai eu peur quand il a refermé la porte …)
Vivement la suite !
Oui je tente du nouveau !! Bon c’est pas vraiment du thriller, mais c’est un peu moins romantico-sentimental il est vrai ! 🙂
Tu es bien dure avec la pauvre Jenny…. J’espère qu’elle va avoir plus de chance à l’avenir!
Et pourtant je l’aime bien jenny… Beaucoup même… Va falloir que je trouve quand même quelque chose d’heureux à lui faire vivre….
Ok ok c’est un roman a épisodes que tu tiens là, et tu veux nous faire mourir d’impatience!!
C’est ca !! Je suis une grande sadique c’est bien connu !!!! 😉 Je suis contente que ca t’ait plu !
Bon ca fait pleurer mais QUAND MEME quand est-ce qu’on a un truc un peu fleur bleue !
En plus j’ai une belle idée d’un truc fleur bleue, chick-litt à fond !!! Bientôt promis !
J’avais deviné qu’elle connaîtrait son recruteur mais pas la suite… vive ton art de la chute! biz v.
Merciiiii !! Oui la j’y vais fort avec jenny !
je vais enfin pouvoir suivre une saga … j’étais arrivée trop tard les dernières fois! tu es vraiment trop douée…
Merci beaucoup !! Je ne sais pas encore s’il va y avoir beaucoup d’épisodes, mais qui sait…
Je me doutais que ce serait un client! Mais je ne te savais pas si violente! 😉
Il faut sortir des sentiers battus parfois ! 😉
Vite, la suite, la suite….
Accro, comme d’hab 😉
Le vendredi est devenu un rendez-vous, c’est chouette ! j’en suis tellement fière !
Tu peux en être très fière! <3