1 vendredi / 1 nouvelle – Jenny #3
Ceux qui me suivent ici et la savent que la semaine a été rude en émotions et en perte de confiance. J’ai pris quelques coups. Mais tel un boxeur, je me relève et je continue le combat. Et savoir que nombre d’entre vous attendent chaque vendredi de lire mes histoires me prouve que tout ceci n’est pas vain et que j’ai raison de m’accrocher et de croire en mes rêves.
Jenny #3
Elle retraverse le hall en courant. Elle entend vaguement la fille de l’accueil lui demander si tout va bien. Elle l’imagine se précipiter dans le bureau du type. Découvrir son corps,
Elle franchit à toute vitesse les portes vitrées puis, pendant un court instant, elle ne sait pas. Elle ne sait plus. Ce qu’elle doit faire. Où elle doit aller. Des larmes brulantes jaillissent de ses yeux. Des larmes de rage et de désespoir contenues.
Pourtant les coups durs elle connaît. Les soirées de galère, les clients violents, les sexes qui puent, les mains dégueulasses aux ongles sales, le dégoût de soi, la honte.
Mais pour la première fois depuis des années, elle avait décidé qu’il était temps. Temps pour elle de passer à autre chose. Temps pour elle d’avoir droit à un bout de bonheur. Même un tout petit bout. Pourvu qu’il soit un sucré. Rien qu’un peu.
Pour la première fois, elle avait décidé de puiser dans son maigre sac de confiance la poignée nécessaire pour se confronter au monde, au vrai. Celui où l’on vous appelle madame. Celui où il n’y a qu’une seule feuille de paie à la fin du mois, une feuille de paie pour laquelle il n’aura pas été nécessaire d’écarter les cuisses ou d’entrouvrir la bouche.
L’urgence de la situation la rattrape. Elle se dit qu’elle n’a pas beaucoup de temps. Et s’il était mort ? Et si elle l’avait tué ?
Il lui faudrait pouvoir se cacher. Mais elle n’a pas d’autre endroit que son appartement. Son chez elle. Sa bulle. Elle n’y amène jamais sa vie de putain. Elle protège son maigre univers. Elle n’ y restera pas longtemps, mais quand elle y sera elle pourra réfléchir à ce qu’elle doit faire.
Mentalement, elle calcule qu’il doit lui rester près de 1000 euros dans sa boite métallique sous son lit. Avec ça elle pourra tenir quelques temps en louant une chambre d’hôtel. Dans un endroit où personne ne la connaitra.
Elle marche le plus vite possible. Sans courir pour ne pas se faire remarquer. Elle serre sur elle les pans de sa veste, pour essayer de dissimuler le sang qui lui macule la chemise.
Combien de temps a-t-elle mis pour arriver devant son immeuble ? Elle n’en a pas vraiment conscience. 20 minutes. Peut-être 30.
De l’autre côté de la ville, derrière les portes vitrées, la fille a du donner l’alerte.
Tout le monde doit savoir maintenant qu’elle a tué quelqu’un. Elle se dit qu’elle pourra peut-être invoquer la légitime défense. Raconter qu’il essayait de la violer et qu’elle voulait juste lui échapper. Mais qui serait prête à croire une fille qui fait le tapin ? Qui serait prêt à croire qu’une fille qui taille des pipes tous les soirs n’était pas là pour en tailler une autre vite fait bien fait à un type entre deux rendez-vous ?
Elle monte les escaliers aussi vite qu’elle le peut, mais ce trajet à marche rapide lui a coupé le souffle. Elle doit s’arrêter sur le pallier du troisième étage pour respirer plus calmement.
Ses poumons sont comme des brulures à chaque inspiration. Un point de côté l’oblige à se pencher en avant pour tenter de calmer la douleur. Elle sait qu’elle n’a sans doute plus beaucoup de temps.
Avec l’énergie qu’il lui reste elle grimpe les deux derniers étages. Elle cherche ses clés dans son sac à main. Elle ne les trouve pas. Elle commence à paniquer. Elle se dit qu’elle les a peut-être laissées tomber dans la précipitation. Elle retourne le contenu de son sac sur le pallier, elle étale tout avant d’apercevoir son trousseau. Elle l’attrape et tente d’insérer la clé dans la serrure. Mais ses mains tremblent tellement qu’elle laisse tomber le trousseau à deux reprises sur le sol. La troisième tentative est la bonne. Elle ramasse à la hâte le contenu de son sac étalé par terre puis s’enferme chez elle.
Une fois à l’intérieur, elle est comme rattrapée par l’horreur de ce qui vient de se produire, de ce qu’elle a fait. Elle est prise d’une violente nausée qui lui coupe les jambes. Un jet de bile qu’elle ravale avec peine lui brule la gorge.
Elle s’écroule le long de sa porte.
C’est alors qu’elle aperçoit au loin sa silhouette qui se reflète dans le miroir de sa chambre. Qu’elle réalise que son visage est maculé de sang. Du sang séché qui commence à lui tirer la peau. Son sang à lui. Le type qui en quelques secondes a réduit à néant ses espoirs de lendemain.
Tant bien que mal elle se relève, chancelante, elle se dirige vers la salle de bain. Elle fait couler de l’eau dans l’évier. De l’eau brulante. Elle attrape une serviette et commence à essuyer avec force le sang sur son visage. Elle trempe la serviette dans l’évier et elle frotte. Elle frotte encore et encore. Aussi fort qu’elle le peut. Jusqu’à en avoir mal. Ses mains et ses joues sont brulantes. De la vapeur d’eau commence à envahir la salle de bain. Elle frotte à ne plus pouvoir s’arrêter. Il faut qu’elle fasse disparaître ce sang.
Et puis elle attrape un ciseau dans le tiroir du meuble situé près de l’évier. D’une main elle attrape une mèche et de l’autre elle coupe. Sans réfléchir. Les mèches tombent une à une sur le sol. Ne plus être cette fille la. Ne plus se reconnaître.
Elle attrape un sac de voyage et y déverse dedans le contenu d’une étagère de son armoire. Sans chercher à savoir ce qu’elle prend.
Elle se met à genoux devant son lit pour attraper sa boite métallique, son argent. Elle s’assoit sur le lit, sort les billets, les compte. 1055 euros, ce n’est pas bien lourd mais ca devrait pouvoir lui permettre de tenir quelques temps.
Et puis sous les billets, là, bien rangé dans un sac noir, il y a cet objet qu’elle garde depuis des années. Cet objet, un peu morbide, qu’elle n’a pas pu se résoudre à balancer. Elle défait les liens du sachet, sort le revolver.
Et, elle se souvient.
Mmmmmm ça devient de plus en plus intriguant !! Vivement le #4 !
Puis sinon pour le reste il est évident qu’il ne faut pas que tu laisses tomber, j’imagine que c’est pas facile, mais allez il faut rebondir. Ce n’est que l’avis d’une personne après tout, que tu peux comparer à notre avis à nous, celles de la Team Juliette !
Bises.
Merci pour ton soutien sans faille ! 🙂
le souffle coupé j’attends la suite!
Ne perds pas confiance, pas toi. Tu as trop de talent pour abandonner.
Tu es adorable merci !!!!
ah non pas ça…. ça va être trop dur d’attendre une semaine vilaine fille!!! je veux la suite tout de suite je ne pourrai pas attendre… tu es vraiment trop forte pour tenir en haleine! bravo
C’est mon côté sadique !! Gniark gniark gniark !!!!
La suite !!!!!!!!!!
patience, patience ! Plus que 3 dodos à attendre ! 😉