1 vendredi / 1 nouvelle – Jenny #4
J’espère qu’elle vous plait cette Jenny ! Moi je l’aime beaucoup. Elle me touche. J’ai envie que les choses s’arrangent pour elle. En même temps, je suis maitre de son destin…
Jenny #4
Elle avait 14 ans. Elle rentrait du collège. Il pleuvait. On était en novembre. Le 4 novembre. Elle n’oubliera jamais cette date. Elle avait eu un contrôle de maths le matin et elle pensait ne s’en être pas trop mal sortie. Et puis Tom l’avait embrassée.
Elle se rappelait très bien de ce garçon qui plaisait à toutes les filles, et qui l’avait choisi, elle.
Il la faisait rire. Il lisait comme elle des livres dont on est le héros. Ils comparaient leurs aventures selon les choix qu’ils avaient faits ou les résultats des tirs de dé.
Il fallait qu’elle le raconte à sa mère. C’était incroyable qu’il l’ait embrassée. Sur le chemin du retour, elle sentait encore ses joues rougies par l’émotion. Elle avait hâte. Elle s’était dépêchée d’ouvrir la porte. Elle avait crié « maman, tu sais quoi, et bien Tom m’a embrassée tout à l’heure. Moi. Et même qu’il l’a fait devant tout le monde. T’aurais du voir la tête d’Aurélie. Elle était verte de rage. Elle qui disait que je plairais jamais à aucun garçon avec mon cou trop long. ».
Elle n’avait pas eu de réponse. Sa phrase était restée comme en suspens dans le silence de la maison. Avec pour seul écho le bruit de la pluie sur les carreaux des fenêtres. Bizarre, sa mère devait être à la maison pourtant. Elle était toujours la quand elle rentrait du collège. Elle avait continué à appeler, sans plus de succès. Elle l’avait cherchée dans les pièces du rez-de-chaussée. Elle avait scruté le jardin à travers la baie vitrée du salon. Puis elle était montée voir si elle n’était pas dans sa chambre.
C’est la qu’elle l’avait trouvée. Le corps désarticulé sur le sol. Baignant dans une mare de sang. Un pistolet à côté d’elle.
C’était un 4 novembre. Ce jour la, elle avait trouvé sa mère morte. Sa mère qui avait choisi de se suicider alors qu’elle n’avait qu’elle.
Elle se souvient qu’elle a hurlé. Qu’elle s’est jetée sur sa mère. Qu’elle a tenté de la secouer. Qu’elle était couverte de sang. Que la voisine est arrivée sans doute alertée par les hurlements et les cris de bête qu’elle ne pouvait s’empêcher de pousser.
Qu’il y avait eu ensuite la police, les regards de pitié pour elle, les chuchotements, les « qu’est-ce qu’elle va devenir la gosse ? »
Pour la première fois ce jour la elle avait été embrassée. Et sa mère s’était suicidée. Ironie du sort.
Cela faisait des années qu’elle n’y avait pas repensé. Elle avait enfoui au plus profond d’elle cette image de sa mère, le visage en partie déchiqueté par l’impact. Elle avait refusé d’y réfléchir, de se demander pourquoi. Elle avait fait en sorte que cela devienne un événement de sa vie, sans signification particulière. Un 4 novembre, sa mère s’était suicidée. Parce que ca faisait trop mal de se demander pourquoi. De se dire qu’au moment d’appuyer sur la détente, l’existence de sa fille n’avait pas fait le poids.
Alors qu’elle est au pied de son lit, sous le choc de ce qu’elle vient de vivre, avec cette arme dans les mains, tout lui revient. Le nombre des années n’a finalement pas altéré l’image ni la douleur. La chape sous laquelle elle a enfoui ce 4 novembre n’était finalement pas si épaisse. Et d’un coup, il lui semble qu’elle comprend. Qu’elle sait pourquoi.
Oui, c’est donc ca, ce sentiment que sa mère a ressenti ? Cette impression que la mort sera plus douce que la vie. Qu’il n’y a pas d’autre issue. Parce que c’est évident qu’il n’y en a pas. Elle a sans doute tué un homme aujourd’hui. La police doit déjà être à ses trousses à l’heure qu’il est. Elle va aller en prison. Personne ne croira qu’il a essayé de la violer. Personne ne croit jamais les filles du trottoir c’est bien connu.
Et puis, elle ne manquera à personne. C’est à peine si elle échange quelques mots avec ses voisins.
Elle se dit qu’elle rejoindra comme ça le petit locataire qu’elle a perdu. Et sa mère.
Elle fixe cette arme sans cligner. Elle la tient fermement dans ses mains à s’en blanchir les jointures.
Elle lève le bras vers son visage. En finir. S’endormir pour ne plus jamais se réveiller. Sa vision se brouille, elle ne peut retenir les larmes qui la submergent. Sa détermination vacille. Et s’il restait un espoir, un infime espoir que cela puisse s’arranger ? Est-ce qu’elle est comme sa mère ? Elle repense à Tom et à ce baiser. A l’époque, elle se disait que tout était permis. Elle se voyait chirurgien ou architecte. Elle se voyait dans de belles robes avec de belles chaussures. Elle se voyait aller danser. Elle se voyait être heureuse. Aujourd’hui il n’en reste plus que de vagues images écornées et un goût acide de bile dans la gorge.
Elle s’essuie les yeux avec son bras. Non, il n’y a rien à espérer. Elle ferme les yeux, prend une inspiration…
Des coups sur la porte.
– Police. Madame, ouvrez !
Rho t’es vache hein !! Je me demande bien comment tu vas la faire sortir de ce pétrin 😉 Vivement la semaine prochaine
J’ai une petite idée ! 😉
Non, non, non, vous ne pouvez pas finir sur ça !
C’est ce que je me suis dit tout au long de la lecture…
Et à la fin, OUF !
Mais maintenant, grande question : quelle suite ???
En même temps, une telle histoire et une fin tragique…
C’est un autre genre.
Reste qu’on attend la suite en se demandant « où allez-vous nous emmener bon sang !? » ! 😉
Peut-être qu’il est temps que la vie soit plus clémente avec Jenny ? 😉
Outch et tu nous laisses encore une fois à nos hypothèses 😉 ! Que va t’elle devenir… ?
La suite vendredi !
Suspens insoutenable !!!!!!!!!!!!!!!
N’est ce pas !!!! Mais vous adorez ça j’en suis sure ! 🙂
Que te dire que j’aime as usual et que j’ai envie d’avoir la suite as usual aussi! Et aussi de ne pas lâcher la patate!
Biz V.
Je ne lâche rien !!!!