1 vendredi / 1 nouvelle – 365 jours
En ce premier vendredi de l’année, voici le retour de la petite nouvelle à lire et partager. Je dis le retour parce que vendredi dernier je n’ai pas eu le courage… Entre deux déballages de cadeaux et cuisses de chapon, j’avoue que le temps et l’énergie m’a manqué. Je tiens beaucoup à cette rubrique, j’espère que vous aussi, malgré tout, je ne sais pas si je vais pouvoir continuer le rythme d’une par semaine en 2015… Bah oui, si je veux mener à bien mon projet roman, ca risque d’être compliqué. Alors je ne vous promets rien.
En tout cas pour célébrer cette nouvelle année, voici une nouvelle histoire, avec un nouveau personnage. J’espère que vous l’aimerez autant que Juliette.
365 jours
30 décembre 2014
Lorsque le réveil sonne j’enfouis ma tête sous l’oreiller. Il me semble que je n’ai pas quitté mon lit depuis des jours. Je voudrais que tout ceci soit un cauchemar. Oui voilà, rien qu’un cauchemar. Un truc qui me réveillerait en sursaut et pleine de sueur certes, mais un truc qui me réveillerait.
La sonnerie retentit de nouveau. J’attrape le réveil et de rage le balance à l’autre bout de la chambre.
Je refuse de me lever et d’affronter cette journée. Parce que si je le fais, cela voudra dire que ma meilleure amie est définitivement partie. Et je ne veux pas lui dire au revoir. Pas dans une Eglise gelée, pleine de gens en pleurs. Non je ne veux pas.
Je ne veux pas que chaque jeudi soit à jamais marqué de cette image d’un cercueil fermé. Je ne veux pas. Je ne peux pas. C’est au-dessus de mes forces.
Je veux encore croire qu’elle et moi on ira bientôt se balader ou se faire un ciné. Si je ferme les yeux, je peux encore entendre son rire, j’en suis sure.
Mais comment peut-on mourir à 30 ans ? Qui peut manquer de cœur à ce point pour décider qu’une fille aussi géniale que Mary doive succomber en quelques semaines à peine à une saloperie de maladie ? Qui ?
Je me souviens des derniers moments que j’ai passés avec elle. Des paroles qu’elle a prononcées. De ce qu’elle m’a demandée de faire. Comment pouvait-elle m’en croire capable ? Comment…
Lorsque j’étais arrivée dans sa chambre, elle était assise dans son lit. Elle était si pâle. Et portant elle avait eu un sourire radieux quand elle m’avait vue…
– Je me demandais à quelle heure tu arriverais ! Il faut absolument que je te parle de ce nouvel étudiant infirmier qui est venu ce matin pour mon injection. Il est CANON !
– Tu es incorrigible. C’est le combientième étudiant infirmier sur lequel tu craques dis moi ?
– Tu sais Molly, il n’y a que toi pour décider de te caser à même pas 30 ans avec un type aussi insipide qu’ennuyeux. Pour ma part j’ai envie de profiter de la vie…
Un blanc s’était installé…
– Germain n’est pas ennuyeux…
– Rien que son prénom donne envie de dormir. Non mais Molly et Germain… Tu ne t’es pas dit que dès le départ il y avait un problème ? Une Molly ca mérite un John, un Josh ou encore un Brad ! Mais un germain…
J’avais commencé à rire puis m’était arrêtée d’un coup, comme si le tragique de la situation se rappelait à moi.
– Pourquoi tu t’arrêtes Molly ?
– Parce que… Enfin… Tu vois…
– Je vois quoi ? Que je vais sans doute mourir ? Et alors ? Ca doit m’empêcher de rire avec ma meilleure amie ? Ca doit m’empêcher de lui parler de mon infirmier canon ? Ou encore de lui dire que son copain est un crétin ?
– Mais…
– Sérieusement Molly, si tu es venue pour t’apitoyer sur mon sort, tu peux repartir. Ma mère le fait déjà très bien tu sais. Moi j’ai besoin de rire. J’ai besoin d’oublier cette clinique, cette chambre, cette maladie de merde. J’ai besoin de ne pas penser que ce soir ou demain je serais sans doute morte.
– Tu as dit infirmier canon ? Mais canon comment ?
Elle avait sourit et puis nous avions passé l’après-midi comme si de rien était. A glousser comme des gamines. L’infirmier était venu pour l’injection avant la fin de sa garde. Il était en effet canon. L’heure de fin des visites approchait.
– Dis moi Molly, j’ai un service à te demander.
– Tout ce que tu veux…
– Toi et moi on sait maintenant que je ne sortirais jamais de cette chambre. J’avais encore des tas de cœurs à faire chavirer mais que veux-tu, c’est comme ça… Alors je voudrais que tu vives pour moi.
– Que je vive pour toi ?
– Oui. Que tu vives pour nous deux. Que tu profites de la vie à ma place. Comme ça j’aurais l’impression de ne pas mourir totalement. Promets le moi Molly.
– Mais… Je ne vois pas du tout…
– Depuis combien de temps on se connaît ? 10, 15 ans ? Je te connais mieux que personne. Et je sais qu’au fond de toi il y a tous ces rêves, il y a toutes ces choses que tu voudrais faire mais qui te font peur ou dont tu ne te sens pas capable. Tu mérites mieux Molly que cette petite vie dans laquelle tu es en train de t’enliser !
– Mais je suis très heureuse…
– Sérieux ? Avec Germain le soporifique ? A bosser dans ce restaurant en tant que serveuse ?
– …
– Et la Molly qui rêvait de devenir danseuse étoile ? Elle est passée où ? Je sais qu’elle est toujours la moi. Et comme on ne peut rien refuser à une mourante, et bien je t’ordonne de lui laisser ta place.
– Plus facile à dire qu’à faire… J’aimerais t’y voir…
– Il se trouve que je ne vais pas vraiment avoir le temps de m’y voir… Donc… Ecoute je te laisse 1 an si tu veux. Oui voilà, 1 an. Pour ouvrir ton école de danse, pour virer Germain, pour être heureuse quoi. Et comme les cimetières sont des endroits horribles et qu’il est évident que personne n’aime y aller, je veux que chaque mois tu me racontes dans un journal tout ce que tu auras fait. Comme si tu t’adressais à moi. Comme si je n’étais pas morte…
Je lui avais promis. Le lendemain elle était morte.
On est le 30 décembre. Aujourd’hui je dois me rendre à l’enterrement de ma meilleure amie. Il ne me reste plus que 362 jours pour tenir ma promesse. Et je ne sais absolument pas comment faire, comment m’y prendre. Vivre pour elle. Vivre pour nous deux. Mais par où commencer ?
Magnifique
Merci à toi ! La suite vendredi prochain ! 😉
Superbe, vivement vendredi prochain …
C’est le retour du vendredi patience ! 🙂
Encore une fois, super nouvelle! Ca n’augure que de bonnes choses pour le roman!
Des coeurs sur toi !!! <3 <3 <3
Très beau,
C’est difficile pour moi car mon meilleur ami est parti à 23 ans et j’aurai aimé pouvoir discuter avec lui une dernière fois…
Je comprends. L’amitié c’est quelque chose de si précieux. Cette perte est terrible. Je te fais des tas de calins.
Comme je n’en avais pas eu le temps la semaine dernière, j’ai couru ce matin lire cette nouvelle en attendant celle d’aujourd’hui.
Et oui Molly est d’ors et déjà terriblement attachante ! Il me tarde de voir ce que va devenir sa vie.
Alors non tu ne peux pas nous laisser orphelins/ines des vendredis ! Je ne sais pas tu te débrouilles, tu rajoutes 2 h aux 24 de la journée et puis voilà. Nanmého !!!
😉
Je voudrais bien rajouter 2h aux 24h !! Tu me diras je les utiliserais sans doute pour dormir donc ca règlerait pas le pb ! 😉