Parfois l’amitié c’est simple comme un coup de fil…
Elle s’appele A.
Alice, Anne, Aurélie, Alix, Astrid, Annabelle… Choisissez celui qui vous plait.
Elle et moi on s’est connues dans une autre vie. Je me souviens encore de la toute première fois que je l’ai vue. C’était lors de mon premier cours de théâtre. Et oui, j’ai fait du théâtre dans cette autre vie. Est-ce que j’étais bonne comédienne ? C’était dans une autre vie je vous l’ai dit. Donc ca ne compte pas.
Elle était la assise. Ses yeux d’un bleu si clair. Ses cheveux longs et très frisés. Elle m’a dit bonjour. Ce qui est étonnant parce qu’elle n’a cessé de me répéter les années qui ont suivi qu’elle n’aimait pas les gens. Pourtant ce soir là, elle m’a dit bonjour. Un simple bonjour et c’était parti.
Nous n’étions pas dans le même collège, elle avait un an de moins que moi. Nous n’avions pas les mêmes amis.
Elle était anti conformiste. Et moi tellement sage. Elle n’aimait pas les gosses, les chiens, les gens, son père (même si ca a bien changé par la suite). Elle disait qu’elle serait morte avant 30 ans. Elle portait des Doc martens vertes avec des lacets rouges ou violets, je ne sais plus bien. Elle avait de la répartie, tout le temps. Elle trouvait des surnoms pour tous ceux que nous croisions. Elle détestait qu’on la touche. Elle détestait quand il faisait trop chaud. Elle adorait avoir froid. Elle aimait les rats. Elle savait se maquiller. Elle portait des boucles d’oreilles créoles. Elle était mal dans sa peau, mal dans ses pompes. Je n’étais pas mieux dans les miennes.
On se voyait au théâtre. Puis à la sortie des cours. Et puis le samedi. Le dimanche aussi. On s’asseyait sur des bancs en pierre autour du canal. On attendait de voir passer des mecs. On se disait qu’ils nous dragueraient peut-être. En même temps il n’y avait souvent que nous. Et jamais de mecs en fait. C’était pas si important quand j’y repense. On riait. On se racontait n’importe quoi. Je reste marquée par ce canal. Si vous voulez tout savoir c’est même précisément comme ca que commence le roman que je tente d’écrire. Ecrire sur ce que l’on connaît…
On a fait des tas de conneries toutes les deux.. Rien de bien grave. Non. Mais rien que je n’oserais raconter ici quand même. Sait-on jamais qu’il prenne un jour l’envie à mes gamins de me lire. On a fait des dizaines et des dizaines de photos dans des cabines de photomaton. J’en ai même retrouvé quelques unes ce soir.
Nous deux c’était un peu improbable et pourtant si évident. J’ai connu ses parents, sa grand-mère, sa sœur. On est parties en vacances ensemble. Elle a connu mes copains. J’ai connu les siens.
On regardait l’Eurovision. On faisait des pronostics sur des papiers. On achetait des paquets de gâteaux. On mangeait des bonbons.
Je l’ai vue changer de corps. Je l’ai vue amoureuse. Je l’ai vue malheureuse. Je l’ai vue partir. Je l’ai vue revenir. Je l’ai vue se chercher.
Elle est liée à mon adolescence, cette période qui m’est si douloureuse. Mais curieusement, elle, n’est associée qu’à des bons souvenirs.
Et puis les années ont passées. Je n’allais pas très bien. Elle non plus. La vie s’est chargée du reste. Sans rancœur. Sans rancune. Sans histoire. C’est comme ca.
Pourquoi est-ce que je vous raconte ca ? Peut-être parce qu’elle m’a appelé ce soir. Peut-être parce que ca me fait plaisir de me rappeler qu’à 15 ans il n’y avait pas que du moisi dans ma vie.
Elle n’est pas mariée, n’a pas d’enfants. Elle est restée elle. Et je suis heureuse de ces quelques mots échangés. Parfois l’amitié c’est simple comme un coup de fil. « Salut comment vas-tu depuis tout ce temps ? ».
C’est une très jolie histoire, vraiment très touchante
Merci beaucoup !
Oh mais c’est vraiment chouette cet appel! Comme quoi… (y a pas un truc qui dit un de perdu dix de retrouvés?!)
Très jolie déclaration d’amitié
Ah ah oui y a un truc du genre qui se dit ! 🙂
C’est un très belle article que tu nous devoiles la ! J’en suis tout émue. C’est une très belle histoire. Un peu comme un ruban qui nous glisse des mains et s’envole : il sera éternel même loin de soit.
Elle a pris le temps de trouver ton numéro. La vie est magique parfois
C’est vrai que ce genre de coup de fil file la banane
Coucou !
J’ai adoré lire ton article, je l’ai trouvé plein de douceur. On garde souvent de très beaux moments que l’on a passé avec des personnes durant notre adolescence, le plus beau c’est de reprendre contact avec eux quelques années plus tard et de se rendre compte que rien à changer, à part le temps qui s’est écoulé.
Bisou !
C’est très gentil. Les souvenirs font partie des choses que l’on a de précieux.
Coucou,
j’ai moi aussi parfois des flash comme ça sur mon adolescence.
Une autre vie, comme tu dis.
Et pourtant, parfois, les personnes connues à cette époque me manquent, j’aimerais les revoir.
Je comprends que ce coup de fil t’aie fait plaisir.
Bises.
Et puis quand l’adolescence n’est pas une période très heureuse, ça fait d’autant plus plaisir.