Ma lecture de « La famille Middlestein » – Jami ATTENBERG
Je choisis les livres que j’achète selon plusieurs méthodes. Soit c’est un auteur que je connais et je ne prends même pas le temps de lire le résumé, j’achète, voire même carrément je pré-commande.
Soit je lis des critiques sur le livre, j’en entends parler et on me donne envie de le lire.
Soit, je suis attirée par la couverture, je lis le résumé et je me dis « tiens pourquoi pas ».
Et ça c’est ce que je fais à chaque fois que je fais mes courses dans un Auchan ou un quelconque supermarché ayant un rayon livres digne de ce nom.
Et donc, il y a quelques mois, je déambulais chez Auchan et il y avait ce roman « La famille Middlestein ». Je me suis dit « tiens en tête de gondole ? Ca doit en valoir la peine ».
J’ai lu le résumé :
« Bienvenue chez les Middlestein, une famille au bord de la crise de nerfs depuis que Edie, la mère, risque d’y passer si elle ne prend pas au sérieux ses problèmes d’obésité. Cerise sur le gâteau, le père la quitte pour découvrir à soixante ans les affres du speed dating.
Une trahison impardonnable pour leur célibataire invétérée de fille, un rebondissement que voudrait bien oublier le fils en fumant son joint quotidien, si sa femme ne s’était mis en tête de sauver Edie à grand renfort de Pilates et de Weight Watchers, quand elle n’oblige pas leurs jumeaux à répéter leur chorégraphie hip-hop pour leur bar-mitsvah.
Une question taraude toutefois les Middlestein : et s’ils étaient tous un peu responsables du sort d’Edie ? »
Ca avait l’air rigolo ce livre ! Ca m’a plu.
Je m’attendais à du sarcastique, à de l’humour sur les kilos, à une femme cherchant à maigrir en testant toutes les conneries possibles et imaginables. Bref je m’attendais à du léger.
Et en fait. Pas du tout. Pas de rire. Pas même de sourire je dois dire. Juste un drame familial. Des gens mal dans leur peau. Des gens malheureux. Des gens qui ne se comprennent pas. Des gens qui meurent.
Oui, tout sauf drôle.
Et malgré tout, très bien écrit. J’ai commencé le livre dimanche matin, l’ai terminé lundi en début d’après midi. J’ai eu du mal à décrocher. Je voulais savoir. Je voulais comprendre.
La construction de l’histoire est plutôt originale, on a des allers-retours entre passé et présent, ça c’est assez fréquent vous me direz, mais également des incursions du futur dans le présent, et ça c’est beaucoup plus rare. Genre dans ce passage « ils s’approchèrent de la porte, prêts à rejoindre la boutique. Benny ne remettrait pas les pieds dans la réserve avant une dizaine d’années, après la mort de son père, quand il serait contraint de fermer le magasin (Richard aurait probablement dû le fermer lui-même cinq ans auparavant, mais il refuserait de le faire, prétextant qu’il rendait service à la communauté, alors qu’il avait seulement besoin d’aller passer ses journées quelque part). Il faudrait vider les étagères poussiéreuses, les dévisser et les entasser dans la cour – un travail douloureux, bruyant et déprimant que Benny, devenu complètement chauve, accomplirait méthodiquement, tristement, sans l’aide de personne ».
Oui, j’ai aimé ce roman, mais pas du tout pour les raisons qui m’ont poussée à l’acheter. Je pensais rire, je n’étais pas loin de pleurer. Je pensais avoir du léger, je n’ai eu que du grave, du grave et du encore plus grave. C’est une réflexion sur la famille, sur le couple, sur l’obésité et notamment la protection que peut apporter l’enveloppe corporelle et la nourriture. C’est une lecture profonde. Oui j’ai beaucoup aimé ce roman.