Faire avec soi.
Dans cette piscine immense, sous le soleil, je nage tranquillement. Je regarde les gens autour de moi. J’observe. Il y a là des grands. Des petits. Des minces. Des gros. Des cheveux courts. Des cheveux longs. Des petits seins. Des gros seins. Des grosses cuisses. Des petits culs. Des peaux blanches. Des peaux bronzées. De tout.
Et au milieu, il y a moi. Des seins qui ne se tiennent plus aussi bien, des cuisses qui se touchent, du ventre. Un 46 en somme. Mon esprit me conduit vers ce short en jean que j’ai acheté cette année et que je porte avec tellement de plaisir. Vers ce maillot de bain deux-pièces que j’aurais bien voulu trouver si je n’avais pas attendu la dernière minute. A toutes ces robes que je me suis achetées.
Et d’un coup, je sens la colère qui monte. Pas une colère contre les autres, ni contre le monde. Non, une colère contre moi. Pour toutes ces années perdues. Pour toute cette énergie gaspillée. A me détester. A me critiquer. A me déprécier.
Mon corps a-t-il jamais été un obstacle ? M’a-t-il empêché de trouver l’amour ? D’avoir des enfants ? De trouver du boulot ? Non. Il n’a rien empêché. Ni hier, ni aujourd’hui. Parce qu’au fond ce n’est pas cela qui compte.
L’important en réalité c’est de faire avec soi. On a le corps que l’on a. On l’aime ou on ne l’aime pas.
Faire avec. Arrêter de se mal-traiter. Pour peut-être un jour se bien-traiter.
On peut le décider. J’en suis convaincue. Oui, chacun devant sa glace peut un jour décider de faire avec soi. De déposer les armes d’une guerre souvent perdue d’avance.
On est comme on est. On a ce que l’on a. Il ne s’agit pas forcément de s’aimer. Etape supplémentaire. Peut-être plus difficile, plus longue, plus fragile. Mais faire avec soi, oui, du jour au lendemain, d’un instant à l’autre, c’est possible.
Faire avec soi et porter ce short en jean dont on a toujours rêvé. Parce qu’au fond qu’est-ce qui pourrait l’empêcher ? Rien.
La colère s’apaise. Toutes ces années passées ne sont rien en comparaison de toutes celles à venir. Oui, aujourd’hui et depuis maintenant quelque temps déjà, je fais avec moi. Et c’est bon.
Je sors de l’eau. Je m’allonge sur une chaise longue au bord de la piscine. Le soleil me chauffe. Je souris. L’année prochaine, je sentirai l’eau sur ma peau. L’année prochaine, je nagerai dans un deux-pièces. Et dans ma valise il y aura plusieurs shorts en jean.
Si bien dit Paradoxalement si je suis de plus en plus persuadée de devoir faire avec le corps que j’ai, je n’arrive toujours pas à faire abstraction du regard des autres sur moi Du coup je me cache encore en public Bon en revanche pour la 1ère de ma vie, cet été, chez moi, j’étais en short Je voudrais trouver la force de le faire à l’extérieur
Bravo à toi
En fait je crois que l’on surinvestit le regard des autres sur nous. Moi je finis par me dire qu’en fait les autres en ont rien à faire. J’ai longtemps eu peur de ce regard pour me dire aujourd’hui que sans doute c’est mon propre regard qui était déconnant.
La force tu la trouveras. Je persiste et signe, c’est à toi de prendre la décision. Un pas après l’autre vers la bienveillance envers soi.
Merci pour ce texte, il me parle tellement !
Tant mieux ! Si ça peut aider, j’en suis heureuse ! 🙂
S’accepter, une des plus belle chose à faire pour soi.
Tout est dit !!!