Celle que les livres ne faisaient pas pleurer
Celle que les livres ne faisaient pas pleurer, c’est moi.
Pourtant des livres j’en ai lus, des dizaines, des centaines, peut-être même un millier.
Des émotions j’en ai ressenties, parfois de très fortes. Mon cœur s’est serré, souvent. Mais jamais de vraies larmes n’ont coulé un livre ouvert dans mes mains.
Jusqu’à Rabbit Hayes.
Rabbit Hayes, c’est la mère de Juliet. La fille de Molly et Jack. La sœur de Davey et Grace. La tante de Stephen, Ryan, Bernard et Jeffery. La meilleure amie de Marjorie.
La première admiratrice du groupe de Rock monté par son frère avec ses copains Francie, Jay, Louis, Kev. Et bien sûr Johnny, le chanteur.
Rabbit a un cancer du sein. Un cancer du sein avec des métastases osseuses. Un cancer du sein qui va la faire mourir. Et ça, on le sait dès le début du roman. Dès le titre en fait Les derniers jours de Rabbit Hayes. Un titre qui annonce la couleur. Un titre qui ne nous prend pas en traitre. On a le temps de se préparer, d’ériger des digues, de se blinder le cœur et les paupières. Enfin, que l’on croit.
Plutôt que de raconter la mort, ce roman choisit de raconter la vie. Celle de Rabbit. La petite fille qu’elle était. Puis l’adolescente amoureuse d’un chanteur touché lui aussi par la maladie.
Il raconte aussi la vie de Rabbit avec sa famille, ses relations avec sa mère, son frère et sa sœur. Il raconte son amour pour sa fille.
On suit les deux histoires en parallèle. Tour à tour, au gré des réveils et des abandons au sommeil de la jeune femme dans son dernier lit.
Chapitre après chapitre, on vit cette histoire à travers les yeux de l’ensemble des personnages.
Il n’y a rien de larmoyant, rien de glauque. On rit même, parfois. On s’attache, beaucoup.
Et puis, on arrive page 441, il est temps pour Rabbit de commencer à dire au revoir. À demi consciente, elle entend tous ceux qui sont là pour elle, mentalement elle leur dit adieu. Et les digues commencent à céder. Ces digues qu’on a pourtant consciencieusement érigées depuis 440 pages et dont la solidité n’est finalement que toute relative, fissurées en quelques lignes, en quelques paragraphes. Pourtant on le savait… Les derniers jours de Rabbit Hayes.
Nous aussi on dit au revoir à Rabbit, on sait qu’elle est au bout du chemin.
Soudain, c’est la 454ème et dernière page. Puis, les 8 dernières lignes et c’est le raz-de-marée, cette émotion qui submerge tout, malgré les digues, malgré les remparts autour du cœur et des paupières. 8 dernières lignes qui emportent tout sur leur passage.
Les larmes coulent. De vraies larmes. Parce que c’est fini. Parce qu’on le sait déjà elle va nous manquer. Parce que pendant quelques heures on a complètement oublié que Rabbit n’était qu’un personnage. Molly, sa mère, lui tient la main et on pleure avec elle. Pendant plusieurs minutes, sans pouvoir s’arrêter.
Celle que les livres ne faisaient pas pleurer.
C’était moi.
Jusqu’à hier soir.
Les derniers jours de Rabbit hayes
Anna McPartlin
Editions le cherche midi
2016
454 pages
Les derniers jours de Rabbit Hayes est un livre qui reste dans mes pensées depuis ma lecture il y a quelques mois. Difficile de laisser partir Rabbit et ses proches.
Ce roman m’a tiré des larmes, des rires, des sourires mais surtout il est devenu un de mes préférés.
Ah oui je comprends ça aisément.