L’attente
Vendredi matin, l’homme et moi on s’affairait pour charger les derniers bagages, ranger les dernières bricoles, fermer les volets, couper l’eau… Bref, départ en vacances imminent.
Et là alors que j’étais sur le point de faire je ne sais plus quoi, quelque chose d’absolument fondamental donc, je les ai vus, tous les deux assis sur le canapé, chaussures aux pieds, sacs en bandoulière, prêts à partir. Son Altesse Grand Garçon. Sa Majesté de la Poupette.
L’image m’a prise par surprise. Ce ne sont pas mes enfants que j’ai vus mais mon frère et moi, dans la même position, vingt-cinq ans plus tôt. Assis sur le canapé de nos parents à attendre. Attendre que ce soit enfin le départ. Attendre qu’on nous dise d’aller dans la voiture, en nous pressant bien sûr comme si c’était nous qui faisions perdre du temps.
Et là vingt-cinq ans plus tard, la même chose. Les enfants dans le rôle de ceux qui attendent et les parents dans celui de ceux qui s’affairent. Ce qui nous paraissait incroyablement long à l’époque et que l’on comprend seulement des années plus tard quand on a franchi la barrière des rôles.
Je les ai regardés quelques instants attendant le « c’est quand qu’on part ? », vous savez celui qui précède invariablement à peine une trentaine de minutes plus tard le non moins célèbre « c’est quand qu’on arrive ? ».
C’est étrange cette prise de conscience, cet éternel recommencement.
Aujourd’hui, les enfants nous ont attendus pour partir à la piscine. Nous voulions prendre notre temps, eux n’en pouvaient plus de nous attendre. Maillots de bain sur les fesses, brassards sur les bras, ils nous pressaient, « c’est quand qu’on y va ? ».
Sans oublier hier soir, après le repas, après des heures de route, Son Altesse Grand Garçon qui voulait aller danser, et nous juste dormir.
Nous avons été ces enfants impatients et désespérés par ces adultes qui prennent tout leur temps. Nous sommes à présent ces adultes désespérants.
Et si on reprenait un café, un thé, un dessert ? Mais oui, on est en vacances, on prend le temps. A la tienne frangin !
Ne vous inquiétez pas les enfants, dans vingt-cinq ans vous comprendrez. Ce n’est pas si long vingt-cinq ans. Seulement quelques années à attendre.
Lu et approuvé !
Je pourrai dire la même chose de mon côté, surtout quand je prépare les bagages et que je peste comme Elle… 😉
Merci pour ce texte qui fait si joliment écho à nos départs en vacances (et à la suite) !