Ma lecture de « La vie enfuie de Martha K » – Angélique BARBERAT
20 février 2017
Angélique Barbérat est une auteure dont j’apprécie la plume. Le très beau L’instant précis où les destines s’entremêlent m’avait séduite. Et pour vous dire, ce roman aura toujours pour moi une place particulière parce que c’est le roman que je lisais pendant notre séjour à New York. Et cette matinée de lecture, assise sur l’herbe de Central Park, sous le soleil, restera à jamais dans ma mémoire comme un moment magique.
Lors d’un passage chez Michel LAFON, j’ai donc quémandé le nouveau roman d’Angélique. La quatrième de couverture m’avait tapé dans l’œil. Et il y a de quoi :
« Un froid glacial la tire de l’inconscience. Autour d’elle, des parois métalliques et sales. La jeune femme ne sait pas comment elle est arrivée là et, pire, elle ne sait pas qui elle est.
Après des semaines, elle apprend qu’elle se prénomme Martha, qu’elle est française, mariée et mère d’un petit garçon. Personne ne peut expliquer pourquoi elle se cachait dans la remorque de ce camion, à la frontière entre l’Allemagne et la Pologne. Elle moins que les autres, car son amnésie est totale. Et quand elle revient dans leur maison sur les bords du lac d’Annecy, elle découvre sa vie passée.
Mais elle ne se reconnaît pas dans la femme qu’on lui décrit. Une part d’elle-même a disparu. Martha en est certaine. Alors elle va enquêter. Que faisait-elle sur cette route lointaine, un matin de janvier ? Est-ce qu’elle fuyait ? Pourquoi n’avait-elle sur elle qu’un tube de rouge à lèvres ? Pourquoi, surtout, le sentiment que quelque chose – ou quelqu’un – lui manque atrocement est-il aussi ancré en elle ? »
Diablement efficace non cette quatrième ?
J’ai commencé ma lecture samedi en fin d’après-midi pour la terminer dimanche soir. C’est vous dire qu’il n’y a pas que la quatrième de couv qui soit efficace.
On suit donc Martha après cet accident qui a conduit à son amnésie. Comme elle, on ne sait rien de ce passé qui lui échappe. Lorsqu’elle retourne chez elle, elle ne reconnaît rien, ni personne. Pas même elle dans le miroir. Son mari, son fils, ses amis, sa maison, tout lui est étranger. La maison est ordonnée, très ordonnée, presque froide. Son dressing est plein de vêtements sans motif de couleur noire, beige ou blanc. Rien d’extravagant, rien de remarquable. Et Martha ne se reconnaît pas dans tout ça. Est-elle cette femme classique à la limite de la transparence ? Rien ne lui est familier. Comment faire pour être celle que son mari et son fils connaissent alors qu’elle en ignore tout ? Comment vivre avec un mari qui vous rappelle en permanence que vous êtes différente de celle que vous étiez ? Alors que vous ne savez même pas qui vous êtes.
Toutes ces questions tournent et retournent dans la tête de Martha. Qui était-elle ? Que lui est-il arrivé ? Et surtout, pourquoi ?
L’atmosphère s’installe. On suit Martha dans ses angoisses, dans ses frustrations de cette mémoire qui lui échappe. Le tout merveilleusement servi par la plume directe, précise et presque nostalgique d’Angélique Barbérat,
Puis un soir, Martha prend un bain, avec la radio en bruit de fond. Et là, elle entend un nom. Et ce nom va déverrouiller une porte.
À partir de ce moment-là, on ne peut plus lâcher le roman. À partir de là, les rideaux se lèvent sur la vie de Martha et en même temps ce sont autant d’ombres qui rejaillissent sur son présent. À qui peut-elle faire confiance ? Qui est sincère, qui ne l’est pas ?
C’est assez rare de pouvoir dire avec précision à partir de quel moment un roman devient addictif. À partir de quelle scène on ne peut plus s’en détacher. C’est le cas de ce roman d’Angélique Barbérat et ce grâce à de formidables fins de chapitre (vous savez comme j’aime les fins de chapitres) qui nous enchaînent à la suite de l’histoire.
Oui, lorsque Martha entend ce nom et qu’il réveille une partie de sa mémoire, j’ai été incapable de m’arrêter de lire. J’avais pourtant 1000 choses à faire mais qu’importe. Impossible de ne pas savoir. J’ai échafaudé toutes sortes d’hypothèses, je me suis fait balader par l’auteure, par Martha. Et j’ai adoré ça.
J’ai dévoré ce roman parce qu’il est impossible de faire autrement.
Qu’est-il arrivé à Martha K ? Qui est-elle vraiment ? Pour le savoir, une seule solution, vous ruez sur le roman.
Une fois le roman refermé, un sentiment de fierté m’a envahie. Fierté d’appartenir à la même maison d’édition de tant d’auteures de talent.
La vie enfuie de Martha K
Angélique barbérat
Edituons Michel LAFON
Février 2017
396 pages