Mon 9 ans.
Tu viens de naître. Je te regarde et je me demande comment nous avons fait pour créer un être aussi parfait que toi. Toi, notre petit garçon que nous désirions et que nous avons attendu. Tu dors paisiblement, les bras en croix, dans un pyjama trois fois trop grand pour toi. Je ne peux m’empêcher de t’admirer, émue, le cœur gonflé d’un amour sans limite.
Tu as 16 mois moins trois jours. J’ouvre le portillon de chez ta nounou et tu viens vers moi. Debout. Tu marches depuis quelques heures. Je t’ai laissé le matin rampant et te retrouve sur deux jambes, tout fier de cette nouvelle autonomie. À l’amour se mêle la fierté. Tu es si beau, blond comme les blés, avec tes grands yeux bleus.
Tu as trois ans et demi. Ton petit cartable sur le dos, tu tiens fermement ma main. Tu réclamais d’aller à l’école mais à l’heure devoir lâcher ma main, cela devient soudain difficile. Tu pleures beaucoup. Je découvre que mon cœur supporte mal de te voir si triste. Et pourtant, nous sommes obligés de partir, de te laisser. Toute la journée, mon esprit sera tourné vers toi. Je suis dans la voiture bien plus tôt qu’il ne le faut et devant l’école impatiente de te retrouver.
Tu as cinq ans. C’est le jour de ton anniversaire et tu regardes par la fenêtre la neige qui tombe. Beaucoup, beaucoup de neige. Bien trop pour pouvoir aller chercher ce vélo de grand que tu attends avec tant d’impatience. Beaucoup trop pour aller t’acheter un gâteau d’anniversaire. Alors je bricole, je cuisine un flan d’anniversaire. Je te laisse ouvrir quelques cadeaux pour essayer de te faire oublier ce vélo qui ne sera pas là le jour voulu.
Tu as six ans. Depuis quelques mois tu veux apprendre à lire, tu nous en parles et nous en reparles. Tu essaies de déchiffrer les lettres. Tu nous demandes chaque soir. Alors nous t’apprenons. Sans trop savoir par quel bout prendre tout ça, nous t’apprenons. Les sons, les syllabes, les mots. Petit à petit, tu apprends. Tu retiens. Tu progresses. Et puis en à peine quelques semaines tu lis. Tu n’es qu’en grande section de maternelle, mais tu lis.
Tu n’as pas encore sept ans. Nous sommes en janvier 2015 et tu découvres que le monde peut être moche. Tu le découvres de manière plutôt brutale, sans qu’on nous demande notre avis. Alors, nous essayons de t’expliquer, de te rassurer. Et puis tu écris, des mots de petit garçon qui disent toute ton incompréhension. Des mots qui sont mal interprétés et mon cœur se révolte. Je m’oppose à cette image de toi que l’on veut donner et qui n’est pas la tienne. Je fulmine, malgré 39 de fièvre, l’émotion me submerge mais je tiens bon. Je dis toute ma colère contre ceux qui ne prennent pas le temps de savoir qui tu es, de comprendre ta sensibilité qui s’approche de l’hyper. Toi, mon petit garçon qui me ressemble tant.
Aujourd’hui, tu as neuf ans. Un petit homme. Chaque jour qui passe je réalise que tu grandis. Tu t’affirmes, tu te rebelles même un peu parfois. Tu lis des romans dans ton lit mais ne veux pas lâcher l’histoire du soir. Tu réclames chaque soir notre bisou, bisou sans lequel tu affirmes ne pas pouvoir t’endormir.
Tu as un grand besoin d’attention, besoin d’être rassuré sur tes capacités, sur notre affection. Tu as la justice chevillée au cœur.
Parfois, je me dis que j’aurais dû te répondre autre chose ou ne pas m’énerver. Je note qu’il faut que je m’améliore, que je dois être à la hauteur du merveilleux petit garçon que tu es. J’ai deux enfants mais c’est avec toi, grâce à toi, que j’apprends chaque jour à être maman.
Tu as neuf ans aujourd’hui.
Toi, mon fils.
Des mots magnifiques…
Je voudrais pouvoir en dire autant à mon mien de futur 9 ans. Mais son caractère et le mien entrent parfois tellement en conflit qu’il est compliqué en ce moment de regarder les éléments positifs… Je garde en tête votre texte, ça m’aidera à changer mon regard !
Et surtout bon anniversaire à vous deux alors (oui, c’est une date anniversaire aussi pour vous, pour l’accouchement et tout !).
Merci à vous ! Pas facile tous les jours d’élever des enfants 😉
Très bel hommage à votre fils en ce jour d’anniversaire ! Moi qui suis grand mère, j’en ai les larmes aux yeux ! Joyeux anniversaire à votre grand petit homme !
Merci beaucoup ! Comme toujours, j’essaie d’exprimer le plus sincèrement possible mes émotions. Je suis contente que cette sincérité vous ait touchée.
Un magnifique article plein d’amour et de fierté d’une maman vers son fils son premier bébé
merci pour le passage de la nounou ! je m en souviens très bien aussi ! bises
Magnifique . Excellent.quoi dire .l amour d un enfants
J’ai repassé en même temps que votre article l’évolution de mon aîné. En 2015, il venait de fêter ses 6 ans et ne comprenait pas que tout le monde soit Charlie avec une faute au prénom de son frère âgé de 2.5 ans à l’époque. Dur d’expliquer sans pleurer, à nos chers petites têtes blondes le monde dans lequel nous vivons.