1 vendredi / 1 nouvelle – Au revoir, à l’année prochaine #2
Voici donc la suite de l’histoire de Johanna, Callie, Lucy, James et Peter. Le plus drôle c’est que je ne sais pas encore comment je vais dérouler cette histoire. Je renoue avec l’écriture au fil de la plume et des vendredis. Et j’espère que ça vous plaît.
Au revoir, à l’année prochaine #2
26 juin 2016
Johanna n’a pas beaucoup dormi cette nuit. Pourtant elle sortait de 24 heures de garde à l’hôpital, mais le sommeil, une fois de plus, s’était dérobé.
C’est toujours pareil quand elle rentre dans son minuscule appartement, elle ressasse le moindre événement de la journée, elle analyse, elle dissèque. Pour être sûre de ne pas avoir commis d’erreur. Elle se rassure, elle se réassure. Et malgré cela elle peine souvent à s’endormir.
Elle qui était pleine de certitudes, son diplôme en poche, s’était retrouvée tout en bas de l’échelle. À devoir faire ses preuves. À ne pas compter ses heures. À accepter de faire ce que personne ne voulait faire.
La date sur le calendrier n’est pas non plus étrangère à l’insomnie. 26 juin. Les retrouvailles avec ses amis qui lui manquent tellement.
Le lendemain de la remise des diplômes tout s’était enchaîné très vite. Elle avait pris un vol pour Atlanta. Pour poursuivre son rêve de chirurgie. Ce rêve pour lequel elle avait visé l’excellence.
Lucy avait rejoint Chicago où l’attendait la rédaction du journal qui l’avait embauchée comme journaliste. Callie et James avaient un avion eux aussi, le lendemain, pour New York. Certes la ville est grande et offre beaucoup de perspectives, mais personne n’avait cru au hasard. Sauf peut-être les principaux intéressés.
Callie, fraîchement avocate pour Winston, Stillow et Burch, cabinet d’avocats sans grande envergure mais à l’avenir prometteur. James, responsable d’une chaîne de restauration.
Et Peter lui, il les avait tour à tour conduits à l’aéroport, serrés dans ses bras et il était resté là. Il ne savait pas encore vraiment ce qu’il voulait faire. Si ce n’est se laisser du temps pour faire les bons choix. Il allait sans doute servir des pizzas pendant quelque temps histoire de réfléchir. Ou alors, peut-être qu’il irait sur la côte pour surfer un peu.
Johanna a un pincement au cœur quand elle repense à tout ça. Elle n’a guère eu d’occasions pour les revoir.
Elle passe le plus clair de son temps à l’hôpital. À tel point qu’il y a deux mois elle a même hésité pour installer son matelas dans une remise. Ça lui épargnerait les trajets.
Alors oui, elle les a eus au téléphone. Régulièrement au début, pendant de longues minutes, et puis un peu moins souvent.
Elle a lu quelques papiers écrits par Lucy. Elle qui rêvait de grandes enquêtes politiques devait se contenter de la rubrique chien écrasé, mais elle y mettait toute la volonté et la rigueur que Johanna lui connaissait.
Callie est venue lui rendre visite une fois. À l’occasion d’une enquête qu’elle menait pour un dossier. Elles avaient failli ne pas se reconnaître. Callie autrefois en jean baskets était apparue en tailleur chignon. Le costume de rigueur avait-elle dit.
Johanna lui avait innocemment demandé des nouvelles de James et Callie avait répondu qu’ils se retrouvaient quelques fois pour boire un verre. Elle n’en savait soi-disant pas plus. La légère rougeur apparue sur ses joues en disait long pourtant.
Et puis la semaine dernière, ce message de Lucy « Retrouvailles au sommet – 7 jours. Vous savez ou. Vous savez pourquoi. L »
Il y a 12 mois ce rendez-vous avait été lancé comme ça, sur l’inspiration du moment. 12 mois plus tard, tout le monde avait répondu présent. D’abord Peter « Les vagues sont fantastiques mais moins que vos histoires. Je serai là ».
Callie avait enchaîné « J’ai peaufiné ma recette de sandwich au tofu, vous allez adorer. Ah et je viendrai avec une surprise »
Et enfin James « Ok pour moi ». Sobre et efficace à son image.
Un an s’est écoulé. Un an loin les uns des autres. Les liens se sont distendus mais ne se sont pas rompus.
Johanna attrape son sac et sort de son appartement.
1 vendredi / 1 nouvelle – Au revoir, à l’année prochaine ! #1
Comment ça on n’est pas vendredi ? Ouais bon d’accord on est dimanche. Mais franchement j’ai des excuses ! Déjà vendredi je ne savais pas que j’allais devoir écrire une nouvelle. Et qui plus est une nouvelle sur le thème de l’anniversaire, drôle et émouvante et qui finit bien. Il a fallu que je réfléchisse un petit peu. Et pour être honnête, je n’ai pas encore toute l’histoire de bien définie, alors on va se laisser porter.
Au revoir, à l’année prochaine ! #1
26 juin 2015.
Ils sont tous là. Assis en rang d’oignon sur leurs chaises blanches. La pelouse est bien verte. Le soleil brille. Belle journée pour une remise de diplôme en somme. Ils sont beaux tous avec leurs jolies robes bleues marines et jaunes. Chacun porte fièrement le fameux chapeau avec pompon. Celui auquel ils refusaient obstinément de penser alors qu’au fond il hantait leurs nuits.
Cinq ans qu’ils partagent le campus, les salles de cours, les heures de révision, les galères, les espoirs déçus, les réussites. Des amitiés sont nées. Des inimitiés aussi. On ne peut pas plaire à tout le monde.
Parmi la foule, il y a Lucy, James, Peter, Callie et Johanna. Les quatre premiers sont assis côte à côte. Johanna, elle, est devant le pupitre, Privilège du major de promotion. Ils connaissent son discours par cœur, des jours qu’elle le leur répète, qu’elle le peaufine. Pourtant c’est comme s’ils l’entendaient pour la première fois. Elle est émue. Eux aussi. C’est un grand moment, un de ceux qui se produisent rarement. Sentiment de plénitude d’être parvenu au bout d’un parcours, d’avoir réussi quelque chose. Quoi qu’il se passe demain, rien ne pourra leur enlever ce moment.
Johanna termine son discours, les applaudissements sont nourris. Lucy, James, Peter et Callie se lèvent parmi les premiers. Johanna les aperçoit et un large sourire lui fend le visage. Elle reçoit son diplôme puis retourne s’asseoir à la place d’honneur. Puis chacun attend fébrilement son nom pour à son tour recevoir le précieux sésame. Et tenter de capter les regards emplis de fierté de leur famille.
Pour n’importe qui d’extérieur, cela semblerait durer des heures. Mais pour ceux qui sont assis sur les chaises blanches, il n’en est rien. Ils savourent. Parce qu’ensuite plus rien ne sera pareil.
Puis vient le moment tant attendu, celui qui voit 500 étudiants dans un seul et même élan lancer leurs chapeaux. Tout le monde applaudit. On s ‘étreint. Des larmes coulent sur les visages, par dessus les mines réjouies.
Callie est la première à se diriger vers Johanna. Pour la féliciter. Pour la prendre dans ses bras. Elle est rejointe par les autres. Ils sont tous les cinq. Sans doute pour la dernière fois même si bien sûr les promesses de se voir régulièrement ont fusé la veille au soir. Mais au fond ils le savent bien, la vie se prépare à les éloigner. Dès le lendemain.
– Et si on décidait de fêter chaque année cette journée ?
C’est Lucy qui lance l’idée. Ce serait comme une sorte d’anniversaire précise-t-elle. Pas étonnant que cela vienne d’elle. Les idées viennent toujours d’elle. Lucy propose toujours les sorties, choisit les bars, les restaurants. Lucy est toujours de bonne humeur, pleine d’énergie.
– Après tout aujourd’hui, ce n’est pas la fin, mais le début de quelque chose. Alors ça mérite bien qu’on s’en souvienne. Vous ne croyez pas ?
James trouve cette idée un peu puérile, un peu trop cliché, mais devant l’enthousiasme de Callie, lui aussi se dit partant. Johanna ne demande que ça, elle a une telle peur de perdre ses amis. Elle qui a eu tellement de mal à s’en faire, à s’ouvrir, à faire tomber la carapace. Et Peter, lui, et bien c’est Peter, il suit le mouvement. Si ça leur fait plaisir alors oui bien sûr il répond présent.
– C’est dit ! Quoiqu’il arrive, l’année prochaine on se retrouve tous ici sur cette pelouse. On regardera de loin les autres sur les chaises. J’amènerai un gâteau !
– Et moi des sandwiches, enchaine Callie.
Ils éclatent tous de rire.
– Bah quoi ? bon, promis, des sandwichs sans tofu et soja. Mais franchement vous devriez goûter c’est super bon !
Leurs familles comment à se rapprocher. Il est temps de se séparer, pour chacun profiter de ce moment avec les siens.
Mais le rendez-vous est pris. 26 juin 2016. Fêter ce qui ressemble bien au premier jour du reste de leurs vies.
A suivre…